Alain Touraine confirme que la sociologie est la science des ânes. La philosophie de l’auteur tire sa gloire de la capacité d’enfoncer des portes ouvertes. Jouant des orgues à cinq claviers, le penseur bégaie depuis des années un gauchisme bobo. Il demande dans sa grande clémence d’épargner les innocents et rappelle que les dictateurs sont de funestes exemples. Quant à l’avenir de la France, son apologie se tricote dans la nostalgie de ce qu’elle fut : une grande nation chrétienne qui fuyait l’islam comme la peste. Bref, existe pour sortir de sa bière actuelle l’appel au retour d’un temps béni où les bons Français refusèrent l’industrialisation.
Pour aborder es grandes questions (nationale, religieuse, écologique), Touraine ne fait trinquer qu’au verre de vin vieux. Afin de corriger le monde de ses avanies, l’auteur devient tel le citoyen de Lorient que chanta Alfred Jarry et qui fut selon lui l’inventeur de la « pompe Rouget » : elle aspire les idées reçues pour faire de celui qui la manipule leur illustre inventeur. Leur plaqué or lui appartiendrait.
Cultivant une gouaille pour assemblée d’adeptes, Touraine, tant ses incivilités sont correctes, ne perd jamais le respect de son boulanger et surtout de son éditeur. L’auteur reste un zorro-astre. Il agite la vase des idées à la mode afin que des bulles s’envolent. Elles éclatent d’un livre à l’autre en méats de résistance.
L’auteur rappelle qu’il neige en hiver et qu’il fait chaud en été. Ses gerbes de feu ne sont que cendres. Chaque livre du bidasse sociologue est un squelette desséché enrobé de lyrisme de séraphin. Il enfonce les vitraux dont les carreaux sont cassés et n’est qu’un de ces « héritiers» que Bourdieu, en les dénonçant, ne fit qu’entériner — ce qu’il fut lui-même, et Touraine avec lui. Il cliquette du verbe en pèlerin d’une nouvelle ère dont il éclaire non l’avant mais l’arrière.
jean-paul gavard-perret
Alain Touraine, Le nouveau siècle politique, Le Seuil, Paris, 2016.