Aphrodite Fur, Tout est permis (exposition)

Le pays où tout est permis

“M etz­ca­line” et la gale­rie Neuf placent tout de suite la barre très haute en osant la pré­sen­ta­tion de celle qui casse les tabous et met les silences du corps en trom­bone. Il existe par­fois des lueurs ves­pa­siennes, l’amour n’est plus la rose que chantent les poètes. Aphro­dite Fur n’est jamais là pour ser­vir des plats. Elle n’est en rien sou­brette. Et suf­fra­gette pas plus. Son com­bat dépasse le simple champ « poli­tique ».
Pho­tos, films, empreintes deviennent pour Aphro­dite Fur l’affirmation d’un absolu du fémi­nin là où le « bas » est ren­versé en « haut ». Par­fois, l’artiste le sur­joue dans un « strip-poker » où la répé­ti­tion fait le jeu de la varia­tion, par­fois elle met à jour ce qui ne se montre pas (liquides mens­truels par exemple). La pudeur est la cer­ti­tude que le sang mens­truel est obs­cène. Il est de fait celui de l’extase, il res­pire. L’invisible sort de sa chute par l’avalanche du sang.

Dès lors,  Le pays où tout est per­mis  (le beau titre de la météore Joëlle de la Casi­nière) convient comme un gant (retourné) aux espaces de la créa­trice. Elle sait que seuls les monstres cultivent la pudeur évo­quée plus haut. Tou­te­fois, la pré­ten­due « obs­cé­nité » de l’artiste n’est là que pour affir­mer la néces­sité de don­ner aux aspects refou­lés de l’organique fémi­nin une forme rituelle contre la ter­reur impec­cable de l’hypocrisie.
La société depuis tou­jours cache « ces choses-là » : elles sont peut-être un des der­niers tabous. L’impudeur iro­nise l’épouvante crasse mas­cu­line. Elle la trans­forme en gag. Car jusque dans son cycle, la femme n’est pas bles­sée. Elle n’a pas besoin que soit anes­thé­siée sa nature.

jean-paul gavard-perret

Aphro­dite Fur, Tout est per­mis, Metz­ca­line – Gale­rie Neuf, Nancy, du 13 jan­vier au 2 février 2017.

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