Portrait d’une femme libre — entretien avec l’artiste Sabine Jeanson

Sabine Jean­son vogue dans un fleuve qui n’a rien de tran­quille mais qui emmène celles et ceux qui regardent ses œuvres en ter­ri­toire inconnu. Il arrive qu’un tel fleuve prenne feu comme une botte de paille et embrase le ciel. Plus ques­tion alors de se cacher, plus ques­tion non plus de croire que l’art s’arrime au roman­tisme. Il touche à l’origine comme au futur dans un saut dans le pré­sent que seuls les artistes digne s de ce nom osent.
Comme eux, Sabine Jean­son donne au monde une âme et un coffre (enten­dons un corps). Il vient par­fois de loin, mais le détour par le passé n’a rien d’une simple pro­me­nade et il ne s’agit pas de vaquer dans le siru­peux. Elle n’est pas non plus un miroir des res­sem­blances : elle brûle ou n’est pas. L’art dépèce le monde pour aller à l’essentiel et à ce titre l’artiste devient l’alter ego fémi­nin du « Dépeu­pleur » de Beckett.

 Entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Les chats.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Un châ­teau de sable en Bre­tagne et les lilas blanc de ma grand-mère.

A quoi avez-vous renoncé ?
L’impertinence.

D’où venez-vous ?
Près de Paris, à 30 klm de trop.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Impertinence.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Chocolats

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
L’endurance

Com­ment définiriez-vous votre approche du réel ?
Un cadre mou­ve­menté et un cadre en mouvement.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Le reflet d’un bran­chage dans mon landau.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Contes et légendes plu­sieurs volumes.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Schu­bert qua­tuors /Sonates / Pop Rock/ contemporaines.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Mar­tin Eden — L’idiot– Max Ble­cher– Celine — Mar­gue­rite Duras — Emily Dickin­son– Samuel Beckett– Mar­gue­rite Your­ce­nar– Arto Paasilinna.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Nick’s Movie ( Nico­las Ray) –Vim Wenders.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Le reflet des lampes.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je cherche encore.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le nord de l’Espagne.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Han­nah Höch– Annette Mes­sa­ger — David Hock­ney– Jas­per Johns — Vir­gi­nie Des­pentes– Agota Kristof

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un appar­te­ment réduit.

Que défendez-vous ?
La cause à défendre, puis celle indé­fen­dable, toujours.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Un canevas.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?
Posez-moi une ques­tion , elle sera en fonc­tion du ques­tion­naire de l’autre.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Rien de plus.

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 19 décembre 2016.

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