L’amour des images et le goût des autres — entretien avec Anne Frédérique Fer

Rédac­trice en chef de Fran­ce­Fi­neArt, (im)pertinente chro­ni­queuse et pho­to­graphe d’une exi­gence rare, Anne Fré­dé­rique Fer pos­sède la capa­cité de par­ler des arts les plus pri­mi­tifs comme des plus avan­cés et que beau­coup ignorent. La cri­tique appar­tient aux happy few capables de décryp­ter les syn­taxes visuelles pour les­quelles il n’existe pas encore de gram­maire. Sen­sible autant aux ten­dances artis­tiques expan­sives (d’où peut être son goût pour les brouets d’amour de Mit­ter­rand, preuve que nul n’est par­fait) qu’aux mini­ma­listes, elle demeure plus atti­rée par ces der­nières.
Son approche de Cy Twom­bly, son propre tra­vail de créa­tion illus­trent com­bien là où l’art fait le vide et efface des lois admises, là où “une matière est osten­si­ble­ment absente” (André de Bou­chet) et où une qua­lité volon­tai­re­ment “inex­pres­sive” opère, se ren­verse l’idée que la cer­ti­tude de l’expression est un acte impos­sible. En ana­lyse sémio­tiques comme en créa­tion pure.

(Photo d’Anne Fré­de­rique Fer, Impos­sible Pro­ject Space Paris).

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Mon réveil.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Réalisés.

A quoi avez-vous renoncé ?
A rien.

D’où venez-vous ?
De mes parents.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
De l’amour.

Qu’avez vous dû “pla­quer” pour votre tra­vail ?
Mon ex-mari.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Tor­tu­rer les artistes avec mes questions.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Je suis jour­na­liste culturelle…

Com­ment définiriez-vous votre approche du corps ?
Thérapeutique

Quelle fut l’image pre­mière qui esthé­ti­que­ment vous inter­pella ?
Une tête de veau dans un évier.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Aucun sou­ve­nir, un livre pour enfant, peut-être un conte de fées…

Quelles musiques écoutez-vous ?
Je suis bran­chée sur France Culture.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
En attente, pour les moments de calme :  Lettres à Anne (1962–1995) de Mit­ter­rand François.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Sans commentaire.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi me bros­sant les dents.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A moi.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Les Cévennes.

Quels sont les écri­vains et artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Ils sont trop ou pas assez nombreux.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Qu’on arrête de me poser des ques­tions débiles.

Que défendez-vous ?
La liberté de penser.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
C’est une vérité.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Idem, c’est une vérité

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Que penseriez-vous d’un jour­na­liste qui uti­lise sans cré­dit et sans auto­ri­sa­tion les pho­to­gra­phies des autres ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 14 décembre 2016.

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