Terminus 1 est un roman de Stefan Wul paru en 1959 sous le numéro 130 de la collection Anticipation du Fleuve Noir. Il s’agit d’un cocktail mêlant space opera, chasse au trésor avec un volet sentimental, un amour qui restera platonique tout en se transcendant dans un attachement éternel tel celui d’Abélard et Héloïse.
Julius est devenu télépathe après des piqûres de guêpes d’or. Il use de cette nouvelle capacité lors de jeux jusqu’au jour où une partie de cartes tourne mal. Pour échapper à ses adversaires, il se réfugie dans un appartement où se trouve Marge. Il l’a connue, il y a quelques années quand elle était une aventurière flamboyante à la tête d’un fameux vaisseau, le Silver Ghost. Mais la pirate est vieillissante. Elle lui parle d’une fortune disponible dans un cimetière d’astronefs, un trésor de palladium, ce métal devenu si rare. Julius a rencontré une jeune femme qui l’a subjugué. Il veut faire son bonheur et se lance dans l’aventure.
Le présent et second tome débute sur la planète Luxale où la fortunée Marge Nativadad est d’une humeur exécrable. Elle jette dehors son médecin impuissant à soigner son mal : elle ne se résout pas à vieillir. Diaz, son compagnon, tente de la consoler.
Trente ans plus tôt, Julius arrive au Terminus I. Il s’affole, réveille son guide et veut descendre. Celui-ci le rassure, ils vont bien plus loin. Par la vitre du compartiment, le jeune homme remarque des arbres étranges qui ressemblent à des hommes… végétalisés. Arrivé sans encombre à destination le héros s’engage sur un parcours qui le mènera vers ce cimetière. Il bénéficie de technologies futuristes, mais celles-ci seront-elles suffisantes pour venir à bout de tous les dangers, de toutes les difficultés, des innombrables obstacles qui vont jalonner son parcours ?
Comme le voulaient le genre, et le cahier des charges de la collection, le héros va devoir lutter contre divers monstres, faire face à des individus de sociétés dégénérées et vaincre les rigueurs d’une nature extraterrestre. L’imagination très fertile de l’auteur, formidablement bien restituée par Serge Le tendre, permet de parer ces “classiques” de couleurs novatrices. Le contenu de l’aventure tient le rythme et se lit avec beaucoup de plaisir en découvrant des trouvailles comme la valisette-transmetteur qui permet le téléportation, bien avant Star Treck, d’objets, messages et autres éléments très utiles pour vaincre les difficultés. Il reprend, ce qui a été longtemps reproché aux colonisateurs face à des sociétés différentes, l’échange de denrées précieuses aux yeux des occidentaux, contre de la bimbeloterie, des colifichets. Ce système est présenté avec humour et est élevé presque au stade industriel.
La partie sentimentale reste anecdotique sauf dans la conclusion, une chute pleine de poésie. Le dessin hyperréaliste de Jean-Michel Ponzio donne une vigueur et du corps à ce scénario. Les personnages avec leur expressivité, les décors avec leur grandeur, sont magnifiques.
Terminus 1 est un diptyque très agréable à suivre pour les touches subtiles apportées par Serge Le Tendre à ce récit et pour la mise en images très réussie de Jean-Michel Ponzio.
serge perraud
Serge Le Tendre (scénario) & Jean-Michel Ponzio (dessin et couleurs), Terminus 1, t. 2 : “Le fruit défendu”, Ankama, coll. “Les Univers de Stefan Wul”, octobre 2016, 56 p. – 14,90 €.