Cluca a l’immense mérite de multiplier techniques, genres et médiums pour ouvrir l’habituel effet de voile de toutes représentations et afin de mettre à nu des écrans inédits. L’artiste y déploie une théâtralité particulière. Par effets de marges se dégage une image centrale mais en dessous ou en dessus de l’habituel niveau représentation standard. L’autoportrait, la photographie, le costume par exemple sont portés vers « un centre périphérique » (Beckett). Fidèle à l’auteur, Cluca transforme, en des jeux d’écart, de biffure et d’érection, engloutissement et émergence pour un paradoxal fiat lux.
Voir le site de l’artiste riche en découvertes.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie de poursuivre les choses à l’atelier.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je ne me souviens pas avoir imaginé un devenir, avenir. Par contre, je vis comme je l’entends alors je crois que, d’une certaine façon, je réalise un rêve.
A quoi avez-vous renoncé ?
A faire de la recherche en socio-anthropologie.
D’où venez-vous ?
D’ici agrémenté des ailleurs
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Des histoires, des objets, les résultats des luttes collectives
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
La tartelette citron meringuée
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Quelque chose de commun à nous tous, la singularité.
Comment définiriez-vous votre approche du dessin ?
Une traduction
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Celles présentes dans les films super 8 réalisés par mon père.
Et votre première lecture ?
« J’irai cracher sur vos tombes » de Vernon Sullivan
Quelles musiques écoutez-vous ?
Jazz, Rock, Rock ‘n ‘ roll, Blues et Dick Annegarn
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« L’Avalée des avalées » de Réjean Ducharme
Quel film vous fait pleurer ?
« Moi, Daniel Blake ».
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi à l’inverse
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Pierre Bourdieu
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Noukous, le musée créé par le conservateur Igor Savitsky dans le désert de l’Ouzbékistan. Il est le sauveur et le garant d’une collection de tableaux modernes d’artistes russes de la période 1918–1935 dont Staline avait ordonné la destruction. (cf. The Desert of Forbidden Art, film de Amanda Pope et Tchavdar Georgiev)
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Joseph Beuys, Yánnis Kounéllis, Lucian Freud, Hans Haacke, Sophie Calle, Sheila Hicks, Adriana Disman, Nathalie Vandervecken, Marcel Duchamp, Magritte, Felice Casorati, Samuel Beckett, Anton Tchekov, Vaclav Havel, Pierre Bourdieu
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Le même genre de cadeau que celui reçu cette année, un objet qui ne sert à rien comme la « Useless box » pour compléter ce début de collection.
Que défendez-vous ?
Le fait de pouvoir écrire, parler, penser, rire, se déplacer, se soigner sans contraintes.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Rien.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Qu’il est temps de s’équiper d’appareils auditifs.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
C’est bien comme ça, merci.
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 3 décembre 2016.