Zidrou a repris le flambeau laissé par André-Paul Duchâteau au terme de 78 enquêtes (sans compter les hors-séries et autres albums dérivés) et Simon Van Liemt celui de Tibet décédé en 2010. Cette reprise, après quelques années, se fait avec un héros en évolution même si les auteurs semblent reprendre les mêmes codes.
Zidrou insuffle dans les albums une tonalité plus politique, plus “adulte”, plus en adéquation avec les événements de l’époque, tout en conservant, voire en les détournant, les principes qui ont fait le succès de la série. Nadine reste l’éternelle fiancée du héros jouant la “petite femme” qui vient au secours de son homme. Cependant, si dans cet album elle reste dans le rôle qui lui a été dévolu, dans le tome précédent elle prenait des libertés vestimentaires et des attitudes peu conformes à la tradition. Toutefois, elle reste insensible aux tâches ménagères laissant au héros le soin d’en venir à bout.
Pour essayer d’enrayer la chute des ventes de La Rafale, Ric Hochet enquête sur Haute-Terre, une affaire susceptible de déclencher le scandale du siècle. Il a rendez-vous avec le détenteur de ce dossier classé “Secret Défense” au sommet d’un immeuble en construction dans Paris. C’est le Nyctalope qui se présente à la place du dénonciateur et qui l’informe que si celui-ci a raté son train, son train ne l’a pas raté. Et l’homme pousse Ric dans le vide.
Au jardin du Luxembourg, deux jardiniers “débordés” observent un homme, porteur d’un bouquet de roses, qui patiente depuis une heure au pied d’une statue. Une femme à la silhouette très avenante, une “bombe”, s’approche, l’embrasse et s’enfuit alors que l’homme s’écroule. Les deux compères se précipitent et constatent… le trépas.
Ric Hochet, qui a risqué la mort s’en sort avec fêlure du cubitus, mais a le bras plâtré par précaution. Cependant, il n’est pas question qu’il s’arrête. C’est Nadine qui lui sert de chauffeur. Comme le défunt est un sénateur de droite, Ric est envoyé sur place pour faire de l’information et le commissaire Bourdon est dépêché sur les lieux pour éviter que certains détails indélicats ne viennent à s’ébruiter. C’est parce que Nadine veut jouer avec un petit bateau sur le bassin dédié que Ric entame la conversation avec le loueur qui l’a reconnu. Celui-ci lui révèle que trois infarctus en moins d’une semaine, cela fait beaucoup. Il y a eu un Nord-Africain, un horrible chauve et… le sénateur. Bourdon interroge les deux jardiniers, témoins de la scène, quand l’un d’eux s’écrie : “La Bombe”, reconnaissant la silhouette qui s’approche d’un homme, l’embrasse avec pour conséquence l’écroulement de celui-ci. Ric, entendant les cris, se lance à la poursuite de la femme, mais elle lui échappe en le piégeant. La victime bredouille un mot recueilli par Nadine avant d’expirer.
Chaque épisode conte une affaire complète résolue de main de maître. Dans cet album, celle-ci s’articule sur une vengeance motivée par des actions politiques, par des conséquences qui ont découlé de la volonté du chef de l’État de faire fi de l’OTAN et de posséder sa propre force de défense. Le scénariste choisit comme cadre le Jardin du Luxembourg, ce qui donne à Simon van Liemt l’occasion de réaliser de superbes décors avec ce lieu emblématique de Paris, ce parc niché au cœur de la Capitale. Le dessin est dynamique, tonique tout en gardant une certaine continuité dans ce qui s’est fait. Cependant, Tibet avait déjà bien modernisé son personnage.
Meurtres dans un jardin français est une belle reprise d’un héros emblématique d’un genre de bande D=dessinée qui a encore de beaux jours devant lui. Un troisième tome est annoncé avec pour titre tout un programme : Comment réussir un assassinat.
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serge perraud
Zidrou (scénario), Simon van Liemt (dessin) & François Cerminaro (couleurs), Les Nouvelles Enquêtes de Ric Hochet - t. 2 : “Meurtres dans un jardin français”, Le Lombard, novembre 2016, 56 p. – 12,00 €.