Voyageur de l’impossible, Christophe Stolowicki mise sur une lucidité particulière qui travaille par l’entremise de « brèves ». Elles ne sont ni de comptoir ni à l’inverse marquées de la prétention de l’aphorisme ou — pire — du haïku ; Rhizome est donc le bon titre puisque la forme simple s’enrichit chaque fois de plusieurs ramifications.
L’auteur en appelle à une poésie conséquente pleine d’impertinences face à tous les faiseurs qui caressent la « performance » en inventant « une dérisoire parade à la désaffection populaire » dont le vivant est déjà mort. Chacun — ou du moins beaucoup — en prennent pour leur grade. Le plus souvent non sans raison et par formules définitives : « René Char n’a aucune idée de la saleté de Heidegger » ou encore « emblématique de l’époque une poésie où alternent la blanc sur blanc de la poésie verticale ». De quoi mettre en rage certain thuriféraires des modes actuelles pour qui l’ellipse devient « passe-droit».
L’auteur de ces lignes ne partage pas forcément le goût de l’auteur pour le jazz (Monk, Coltrane,) et ses préventions envers le rock ou Cholodenko. Ce qui n’empêche pas d’apprécier les saillies qui abondent en perfidies flêchées envers les fausses gloires aux connotations d’emblée désuètes face au Rimbaud, Baudelaire, Celan et autres phares.
L’avantage de tels textes est d’autant méritoire que Stolowicki ne cherche à faire le malin : « brèves sans humour à l’encontre du genre » écrit celui qui ne fait que souligner combien non seulement la poésie mais la philosophie est soumise en un illettrisme pratiqués par ceux qui n’osent ni la sagesse « ni les trésors de la folie ».
Tout le reste est à l’avenant. Si bien qu’un tel livre n’est pas recommandé à ceux qui sont pointilleux sur leurs certitudes. Aux autres, un tel texte demeurera roboratif. Il permet de remettre à jours nos certitudes entre musique et peinture, philosophie et poésie dans ce qui demeure un plaisir de lecture.
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jean-paul gavard-perret
Christophe Stolowicki, Rhizome, Passage d’encres, coll. Trait court, Guern, 2016, 32 p. — 5,00 €.