Jean-Michel Esperet, L’être et le Néon

La lumière et l’éclairage

A l’ombre de la grande Sar­treuse, l’auteur des Mots mit le fat Aron sur une pyra­mide que le pre­mier vou­lut sar­co­phage. Mais il est vrai qu’il se trompa sur tout en mêlant l’inutile au désa­gréable. A ce titre, il fut le rhé­teur offi­ciel de la pen­sée marxiste-léniniste ger­ma­no­pra­tine dont hérita avec la même « per­ti­nence » Phi­lippe Sol­lers.
Comme lui et comme la plu­part des “ratio­na­ti­sa­teurs”  du XXème siècle, Sartre ignora tout du rock and roll (et sa vision du jazz ne fut guère reluisante).Vince Tay­lor accom­pa­gné de ses Play Boys ne par­vint pas à ses oreilles. Il en retint ce que la presse avait dit de lui lors de l’émeute qu’il pro­vo­qua au Palais des Sports en 1961 et dont il fut tenu pour responsable.

Pour mon­trer le fossé entre deux mondes, Espe­ret a ima­giné un dia­logue où le phi­lo­sophe parle à tra­vers des extraits ana­bo­li­sants de L’être et le Néant et le rocker à tra­vers des cita­tions apo­cryphes ou non d’interviews. Sartre y paraît tel quel : un grand auteur comique. Pour preuve, un seul exemple : « nous n’admettons pas qu’il y a conti­nuité du connais­sant au connu car elle sup­pose un terme inter­mé­diaire qui soit à la fois connais­sant et connu ce qui sup­prime l’autonomie du connais­sant en face du connu en enga­geant l’être du connais­sant dans l’être connu ». Ce à quoi Vince Tylor répond — en cause pre­mière aussi objec­tive que sug­ges­tive  — : « Excuse-moi j’ai envie de pis­ser, pas toi ? ».

Ce qui aurait du com­bler Sartre dont le « Je » ne pou­vait pas être un autre que lui-même — sinon à  trans­for­mer le monde en enfer. Ce der­nier, Vince Tay­lor le connut : aban­donné de presque tous, il mou­rut schi­zo­phrène sur les bords du Léman. De la folie, Sartre ignora tout. Même la sagesse. Ce qui n’enlève rien au plai­sir de ce dia­logue de cires et de cir­cons­tances.

jean-paul gavard-perret

Jean-Michel Espe­ret, L’être et le Néon, édi­tions L’Ecarlate, Paris, 2016 — 10,00 €.

1 Comment

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One Response to Jean-Michel Esperet, L’être et le Néon

  1. Jean-Michel Esperet

    Grand merci pour cette chronique.

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