Thierry Gloris & Emmanuel Despujol, “Aspic. Détectives de l’étrange” — t.5 : Whodunnit à l’Opéra

L’Opéra de Paris en danger 

Après quelques pages assez calmes avec l’apathie de l’héroïne, l’intrigue s’envole et l’action est menée tam­bour bat­tant dans le sillage de la jolie et dyna­mique Flora. Le récit débute comme une enquête poli­cière clas­sique avec inter­ro­ga­toires des prin­ci­paux acteurs du drame, avec recherche des contra­dic­tions dans les témoi­gnages. Mais, très vite, Thierry Glo­ris oriente son récit vers un être insai­sis­sable, sorte de fan­tôme anti­ci­pant les réac­tions des enquê­teurs. Ceux-ci se trouvent, d’ailleurs, en situa­tion fâcheuse plus d’une fois.
Les deux héros ren­contrent un per­son­nage authen­tique en la per­sonne de Gas­ton Leroux, alors jour­na­liste à L’Écho de Paris. Ce der­nier devien­dra célèbre comme roman­cier avec, par exemple, la série des Rou­le­ta­billeLe Mys­tère de la chambre jaune et …Le Fan­tôme de l’Opéra.

Depuis son enlè­ve­ment en terres ger­ma­niques (voir dip­tyque pré­cé­dent – même édi­teur), Flora Ver­net est apa­thique, sujette à d’affreux cau­che­mars. Rien ne l’intéresse au grand dam d’Hugo Beyle qui ne veut, cepen­dant, pas bais­ser les bras ni voir dis­pa­raître l’Agence Aspic. Le père de Flora se pré­sente à leur domi­cile et, sans pré­li­mi­naires, lui annonce le décès de sa mère. Bien qu’il ne veuille plus par­ler à sa fille, il a pensé que sa tendre Eugé­nie aurait aimé que Flora soit pré­sente aux obsèques. Et il repart pré­tex­tant un emploi du temps chargé.
À l’Opéra de Paris, on découvre un machi­niste pendu avec un écri­teau sur la poi­trine : “Que crève la Fior­ta­kas !” La mort de sa mère est le choc salu­taire qui sort Flora de sa tor­peur. Elle s’entraîne de nou­veau à la boxe fran­çaise, fait de mul­tiples emplettes, fré­quente un salon de coif­fure… et reçoit le direc­teur de l’Opéra. Il monte Faust de Gou­nod et est en butte à des évé­ne­ments fâcheux. Cela a com­mencé avec une ins­crip­tion sur le miroir dans la loge de la diva : “Ferme-la !” Puis, quelques jours plus tard, gravé sur le bureau du direc­teur : “Faites taire la Fior­ta­kas !” Enfin, ce machi­niste pendu.
L’affaire inté­resse les deux détec­tives qui, dès le len­de­main, se rendent sur les lieux et débutent des inves­ti­ga­tions. Mais ils découvrent que tant d’intérêts sont en jeu…

Le scé­na­riste truffe son his­toire avec nombre de traits d’humour tant dans les dia­logues que dans les situa­tions avec ce déca­lage entre­tenu entre cette jeune femme au tem­pé­ra­ment vol­ca­nique et son asso­cié plus timoré, plus en retrait. Il ne manque pas de faire un clin d’œil à une illustre can­ta­trice avec le grand air des Bijoux de Faust et au des­si­na­teur des quatre tomes pré­cé­dents en le fai­sant paraître sous les traits du coif­feur de Flora.. Emma­nuel Des­pu­jol assure le gra­phisme avec Lorien Aureyre pour la mise en cou­leurs, qui assure un tra­vail sur la cou­leur remar­quable en recons­ti­tuant l’atmosphère idoine. Le pre­mier assure un des­sin dyna­mique avec un sens cer­tain du mou­ve­ment et l’art du geste pré­cis. Il campe ses per­son­nages avec constance, don­nant à ses héros des expres­sions nom­breuses et variées, fai­sant reflé­ter avec brio les sen­ti­ments res­sen­tis. Les décors sont fas­tueux ou sor­dides à sou­hait selon le lieu de l’action. Glo­ris sème dans ses vignettes des élé­ments humo­ris­tiques drôles et piquants.
Un nou­vel épi­sode fort bien mené, tonique, avec tout ce qu’il faut pour faire de cet album une réussite.

serge per­raud

Thierry Glo­ris (scé­na­rio), Emma­nuel Des­pu­jol (des­sin) & Lorien Aureyre (cou­leurs), Aspic. Détec­tives de l’étrange, tome 5 : “Who­dun­nit à l’Opéra”, Soleil, coll. “Qua­drants”, sep­tembre 2016, 48 p. – 14,50 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>