Un jeu farce qui témoigne d’une belle créativité
Sur un plateau ouvert, dont on pressent les éléments modulables, les personnages affairés adressent au public quelque chose qui ressemble à une improvisation. Un décor particulièrement réussi, composé d’éléments improbables, suggestifs dans leur ostentation et leurs variations. Des globes, des boules à paillettes, diverses suspensions éclairent la scène en installant un climat baroque, entre palais de la découverte, boîte de nuit et musée désaffecté. Jean-François Sivadier élabore une construction dynamique, rythmée, ponctuée par l’approche de l’échéance que constitue l’intervention du ciel. Un compte à rebours ponctué d’admonestations qui sont les traces d’une injonction transcendante.
Le propos est dynamique, alerte, il engage une course qui se présente assez vite comme une cavalcade bien tempérée. Le personnage principal, traversé d’impulsions déterminantes, est présenté comme habité, porté. Sganarelle, apeuré, ébranlé, souligne les ouvertures hardies de Dom Juan, manifestant les béances qu’elles instaurent dans le vieux monde qu’elles déchirent. La pièce prend à terme un tour apocalyptique. Des pratiques tantôt dignes de la commedia dell’arte, dont on retrouve quelque personnage, tantôt empreinte d’une tournure tragique. Un jeu farce, un peu foire, témoigne d’une belle créativité. Les personnages, les jeux de scène, le décor sont bien sentis mais tellement sculptés qu’ils apparaissent presque indépendants les uns des autres. La représentation est belle et réussie ; elle réalise son projet mais sans le transcender. Les comédiens, l’ensemble de l’équipe qui a construit ce spectacle sont irréprochables, seulement.
christophe giolito
Dom Juan
de Molière
mise en scène
Jean-François Sivadier
avec Nicolas Bouchaud, Vincent Guédon, Stephen Butel, Marc Arnaud, Lucie Valon, Marie Vialle.
Collaboration artistique Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit ; scénographie Daniel Jeanneteau, Christian Tirole, Jean-François Sivadier ; lumière Philippe Berthomé ; costumes Virginie Gervaise ; maquillages, perruques Cécile Kretschmar ; son Eve-Anne Joalland ; suspensions Alain Burkarth.
Assistant à la lumière Jean-Jacques Beaudouin ; assistante aux costumes Morganne Legg ; assistants à la mise en scène Véronique Timsit, Maxime Contrepois (dans le cadre du dispositif de compagnonnage de la DRAC Île-de France) ; assistant de tournée Rachid Zanouda ; régie générale Dominique Brillault ; régie lumière Jean-Jacques Beaudouin, Damien Caris ; régie son Eve-Anne Joalland ; régie plateau Christian Tirole, Nicolas Marchand ; accessoires Julien Le Moal ; habillage Valérie de Champchesnel ; construction du décor Atelier du Grand T à Nantes, Alain Burkarth (suspensions), Yann Chollet — ARTE FAB ; confection des costumes Catherine Coustère, Sylvestre Ramos, Anne-Sophie Polack, Julien Humeau Clotaire / Atelier du TNB – Rennes (Sarah Bruchet, Myriam Rault).
durée 2h30 créé le 22 mars 2016 au Théâtre National de Bretagne – Rennes production déléguée Théâtre National de Bretagne – Rennes coproduction Compagnie Italienne avec Orchestre, Odéon-Théâtre de l’Europe, MC2: Grenoble, Châteauvallon – Scène Nationale, Le Grand T – Théâtre de Loire-Atlantique, Printemps des Comédiens – Montpellier Jean François Sivadier est artiste associé au Théâtre National de Bretagne – Rennes remerciements Maison de l’Arbre Christian Biet Bertrand et Romans Suarez-Pasos avec l’aide de toute l’équipe du Théâtre National de Bretagne.
Représentations :
Paris, Odéon-Théâtre de l’Europe 14 septembre – 4 novembre 2016
Lausanne (Suisse), Théâtre Vidy 23 novembre – 3 décembre 2016
Nantes, le Grand T 7 – 17 décembre 2016
Strasbourg, TNS 3 – 14 janvier 2017
Grenoble, MC2 19 – 28 janvier 2017