Douze nouvelles fantastiques, merveilleuses et noires, de Davis Grubb, l’auteur de La Nuit du chasseur
Davis Grubb doit sa célébrité à son formidable roman La Nuit du chasseur, adaptéau cinéma par Charles Laughton en 1955, avec Robert Mitchum dans le rôle de l’inquiétant Prêcheur dont les doigts de la main droite sont tatoués du mot “love” — amour - et ceux de la gauche du mot “hate” — haine. Son œuvre, qui ne compte que huit romans et une trentaine de nouvelles, a cependant eu droit aux honneurs cinématographiques. Personne ne regarde est une anthologie de douze nouvelles fantastiques, merveilleuses et noires. Elles sont toutes d’une grande originalité. L’art de la chute, qui est propre à toute cette génération d’auteurs américains avec Fredric Brown à leur tête, est parfaitement manié par Davis Grubb. Ingéniosité et surprise sont deux maîtres mots qu’il utilise pour nous faire rêver…
“Le Rat de Busby” (Busby’s Rat)
Un rat revient hanter un couple, synonyme de la conscience du père de la mariée, marin en retraite décédé alors qu’il était en charge d’un dock.
“Le Prince Lapin” (The Prince Rabbit)
Un enfant demande à un colporteur de transformer sa maîtresse en lapin. Il n’aura de cesse de retrouver ce colporteur pour rompre l’enchantement.
“La Radio” (Radio)
Dans un monde où la technologie a pris le pas sur l’homme, une radio au bouton cassé et à la prise bloquée se fait trop entendre ; à tel point qu’un homme la détruit. Or celle-ci rythmait la vie de sa femme…
“Un pied dans la tombe” (One Foot in the Grave)
Un pied enterré continue de hanter les gens, et sa chaussure s’use. Ce pied ira jusqu’à faire le pied de grue devant la fenêtre d’une femme.
“La Gnôle” (Moonshine)
Une femme dont l’homme est en prison, use d’un artifice pour le forcer à s’évader, n’hésitant pas à braver la mort, par amour.
“L’Homme qui vola la lune” (The Man Who Stole the Moon)
Un garçon muet vole la lune dans un étang après avoir aperçu la femme qu’il aimait en galante compagnie. Cette dernière devient aveugle. Il finit par rendre sa liberté à la lune.
“Personne ne regarde !” (Nobody’s Watching !)
La caméra 8 d’un plateau de tournage a le pouvoir de téléporter une personne de devant la caméra à travers un poste de télévision.
“La Malle en crin de cheval” (The Horsehair Trunk)
Publiée dans le magasine Collier’s en 1946, cette nouvelle réapparut dans Ellery Queen’s Mystery Magazine sous le titre “The Secret Darkness”. Adaptée pour la télévision en 1971 dans la série de Rod Serling Night Gallery elle fut rebaptisée “The Last Laurel”.
Un homme malade découvre qu’il peut quitter son enveloppe corporelle pour voyager. Il surprend sa femme avec son amant parlant de leur projet de fuite sur un bateau. Il embarque et projette d’assassiner l’amant. Après un entraînement adéquat, il réussit à s’emparer d’un couteau.
“La Bouteille de verre bleu” (The Blue Glass Bottle)
Un empoisonnement a eu lieu. Tout incrimine la femme de la victime, désignée comme une véritable sorcière. Les deux enfants adoptés ne connaissaient même pas la signification du mot “meurtre” jusqu’à maintenant. Elle, elle est traumatisée par le vol d’une petite bouteille bleue, et pense qu’on accuse à tort sa belle-mère. Elle doit se rendre au tribunal pour expliquer son geste.
“Dodo, Ronfleur et Roupillon” (Wynken, Blynken, and Nod)
Dans une petite ville balnéaire, la fête foraine est fermée. Deux dames promènent trois enfants. Un couple en vacances est persuadé qu’elles les maltraitent. Un jour, il faut bien agir. La vérité est tout autre.
“Le Retour de Verge Likens” (Return of Verge Likens)
Un homme fait la pluie et le beau temps dans une petite ville de l’Ouest. Il tue, en état de légitime défense, dit le shérif, le père de Verge Likens. 500 dollars sont échangés. Ils feront l’éducation de Verge, qui a juré la mort de l’assassin de son père. Mais sa vengeance sera longue, afin que le meurtrier prenne toute l’ampleur de sa sombre destinée.
“Tu ne me crois jamais !” (Where the Woodbine Twineth)
Publiée dans Ellery Queen’s Mystery Magazine sous le titre “You Never Believe Me !” Adaptée pour la télévision en 1965 dans la série Alfred Hitchcock Presents sous son titre original.
Une fillette parle aux créatures sous les meubles. Sa grande sœur ne la croit pas. Leur père, un marin, lui ramène une jolie poupée créole en porcelaine. La poupée et la fillette échangent leurs places à tour de rôle. Mais personne pour le croire. Et puis, la grande sœur finit par s’énerver.
julien vedrenne
Davis Grubb, Personne ne regarde (traduit de l’américain par Mathilde Martin et Jean-Paul Gratias), Rivages coll. “noir” (n° 627), décembre 2006, 184 p. — 7,50 €. |