Clare Strand vit et travaille à Brighton. Elle a été exposée dans tous les grands lieux de l’art contemporain : National Museum de Cracovie, Forum Fur Fotografie de Cologne, The Courtauld Institute, Londres et ses œuvres sont présentes entre autres dans les collections de la Public Library de New-York, du Centre Pompidou, du MoMA. Deux monographies ont déjà été publiées sur son travail : Clare Strand (Steidl ed.) et Skirts (GOST ed.).
Les images de Girl Plays with Snake sont tirées des images les plus sombres des nombreuses archives de l’artiste. Le projet poursuit l’engagement de plusieurs décennies de l’artiste avec des albums, des magazines et des photographies qu’elle a rassemblés depuis le milieu de son adolescence. Dans cette itération de la recherche en cours et la réflexion, les femmes et les filles sont montrées en regardant avec tendresse ou jouant avec des serpents. L’ensemble touche à l’absurde, l’intime, l’érotisme et l’étrange dont — et pour les 4 items — le serpent devient un archétype.
Siegfried Kracauer désigne Clare Strand comme une « chiffonnière » car tout se passe comme si elle se roulait dans de l’herbe fraîchement coupée et observait ensuite ce que son pull retient. La recherche du mystérieux reste pour elle une manière de comprendre les obsessions populaires pour la tromperie et la manipulation. Entre un faux paradis et un enfer du même tabac, le non-dit de l’existence et les truquages de la vérité sont montrés par le oui et non du noir et blanc.
Mais l’artiste sort des dichotomies. Soumis à une étrange torsion, le regard butte sur mais ensuite s’approprie des réalités étranges dont la lumière à la fois caverneuse et rutilante vient à bout des clivages de l’intériorité et de l’extériorité. Clare Strand oblige donc à assumer une traversée incertaine.
jean-paul gavard-perret
Clare Strand, Girl Plays with Snake, Mack editions, Londres, 2016, 124 p. — 33,00 €.