Reprise du livre déjà édité chez le même éditeur, celui-ci se se présente comme un pliage façon photo et présente 23 photos repeintes par Mïrka, ainsi que deux simples photos et deux dessins. Son titre est à la fois un clin d’œil au premier opus (Hide and Seek) de 2014 et un jeu par rapport à la double personnalité que les deux artistes constituent dans leur travail.
Pour les photos de nus, Berquet choisit des femmes « classiques » dans leur beauté. On pourrait donc penser qu’il prend les mêmes et que tout recommence, en postulant que l’éros — depuis le premier film pornographique de l’histoire du cinéma teinté de bleu comme pour en atténuer la charge — ne cessait de se reproduire à l’identique. Or il n’en est rien : Berquet d’une certaine manière met à nu le concept du nu à travers modèles et fétiches que Mirka reprend à sa main pour les parachever. Les deux néo-surréalistes deviennent à l’Eros ce que les Ramones sont aux Voix Bulgares. Mais l’impeccabilité des prises et des dessins fait penser à du Mozart visuel propre à déstabiliser les psychiatres cognitivo-comportementalistes.
Mais au lieu d’injecter de l’art dans le quotidien, le photographe et sa muse plasticienne transforment le second en le premier. Au chaotique et au choquant, ils préfèrent renouveler l’expérience érotique selon des dispositifs très précis. Une femme glisse sur le sol, des talons hauts s’érigent mais loin du mode « performance ». Le potentiel des images est proportionnel à la capacité de discernement des deux artistes.
Leur grande idée sur le rêve, c’est que dès qu’il y a rêve il y a danger. Le rêve des êtres est toujours celui d’engloutir l’image. Berquet et Lugosi renversent la proposition : l’image devient la terrible dévorante, non par son âme, mais par ses songes. Il faut donc s’en méfier.
jean-paul gavard-perret
Gilles Berquet & Mïrka Lugosi, Doctor Seek and mister Hide,Vasta Editions, New-York, 2016.
« Berquet d’une certaine manière met à nu le concept du nu »… heu faudra nous expliquer là, j’ai vu le bouquin et c’est pas le bouquin du siècle… et rien d’exceptionnel et rien de nouveau sous le soleil du nu… Ce n’est pas un mauvais livre hein. Mais j’ai du mal à faire coller cette critique dithyrambique, avec la réalité.