Sortant de la problématique du réel, Jean-Pierre Hamon nous porte avec ce texte sur la scène chorégraphique. Celui qui est peintre, cinéaste, graphiste et écrivain et qui en marge du mouvement lettriste participa à la création de la revue “Aux poubelles de la gloire” (avec Guy Bodson, Laurent Gervereau et Christian Rollinde de Beaumont dans les années 70), met au point d’un alphabet visuel pour la danse : “Duo Soli”. Sole Miaou en représente un prolongement et une déclaration d’amour.
Le texte devient un chant en dérive comme au bord de l’évanouissement et dont la magie, tout autour de la danse, est réelle et irréelle à la fois. Le présent d’une entrée en scène provoque une mémoration, un développement du temps par-delà le présent et qui excède le monde du spectacle « qui n’est en sorte que de la tripaille ».
L’histoire de la virilité est déconstruite par des émulsions qui remettent en causes la question du genre. La chorégraphie revient à une force première, une “naïveté » susceptible de ramener à l’essence de la vie sans se soucier des apparences, normes, genres, constructions culturelles. Se devine dans cet univers lyrique et mémoriel la présence d’un fantôme ou un ersatz du masculin plus qu’une réelle existence. D’ailleurs, toutes les grandes oeuvres ne sont-elles pas des histoires de fantômes? Celles qui laissent émerger le désir de vie libre.
Le texte lui-même devient chorégraphique et permet d’accomplir un voyage où se lisent les déplacements proposés loin de chemins balisés et où se retrouve le caractère intact d’émotions premières. Le corps détruit le caractère sinistre du monde sous l’acidité ou la douceur des fantômes.
jean-paul gavard-perret
Jean-Pierre Hamon, Sole Miaou – confession d’un danseur du XXIème siècle, Passage d’encres, coll. Trait court, Guern, 2016, 30 p. — 5,00 €.
J’ai lu ce livre exceptionnel avec ravissement. Le style est celui d’un performiste attitré. Mais ne vous fiez pas aux seuls commentaires d’un lecteur.
Laissez votre flair découvrir par lui-même la substantifique moelle de ce livre unique.