Anne Van Der Linden, Blow Job

Epreuves de densité

Blow job  est une his­toire muette, réa­li­sée à la demande de Ryan Stand­fest, (Rot­land press) pour sa col­lec­tion de “chap­books” dans l’écho du bon D.A.F. de Sade. Anne Van Der Lin­den y cultive l’extraordinaire sca­to­lo­gique l’obligeant à une quête presque ins­tinc­tive. Elle crée par ce biais un étrange un jeu de miroirs où l’animalité rejoint une vision qui sait tout de la nuit de l’inconscient et de l’amour. Son œuvre pro­gresse dans un uni­vers cor­po­rel, sen­so­riel et men­tal.
L’artiste passe de l’autre côté du miroir des conve­nances éta­blies. Elle ramène l’obscurité à la lumière. Anne van der Lin­den invente des har­mo­nies par­ti­cu­lières, des « caca­pho­nies », des clairs de lune en plein jour par ful­gu­ra­tions afin de for­mer des constel­la­tions neuves. Effrac­tions, inter­stices et dévoi­le­ments dépla­cés placent l’image en tant que centre et rebord pour perdre le voyeur dans le lieu de sa voyance.

Le plai­sir que pro­cure une telle œuvre tient à notre capa­cité de fan­tas­mer, de fabu­ler à par­tir d’un cer­tain nombre d’éléments pri­mi­tifs qui deviennent des figures iro­niques sou­vent et des sortes d’histoires où l’horreur jouxte la farce humaine. Taches et formes, cou­leurs et pans font entrer l’œuvre et son incons­cient en sym­biose avec le nôtre. Ce der­nier par­court avec délec­ta­tion un che­min consti­tué d’associations irrévérencieuses.

L’art d’Anne van der Lin­den per­met en consé­quence de fran­chir des strates et des portes d’une psy­ché pour n’en lais­ser appa­raître que les gouffres les plus obs­curs et drôles qui sus­citent des émois par­ti­cu­liers. Ce tra­vail per­met ainsi un fan­tas­tique voyage d’exploration autour d’un uni­vers intime tou­jours côtoyé, jamais visité et dont la cir­con­fé­rence res­tera incer­taine, le centre tou­jours inconnu puisque la femme (fée, sor­cière ou sour­cière) est l’axe de gra­vité.
La trans­gres­sion, la belle incer­ti­tude et la limite de l’œuvre tiennent à ce plon­geon au cœur des fan­tasmes. Elle reste le lieu, l’objet d’un étrange amour et d’une sorte de sacri­fice qui a quelque chose à voir avec la vie et la mort. Preuve que Sade n’est jamais loin.

jean-paul gavard-perret

Anne Van Der Lin­den, Blow Job, Rot­land Press, 2016.

2 Comments

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Erotisme, Essais / Documents / Biographies

2 Responses to Anne Van Der Linden, Blow Job

  1. van der linden

    Merci Jean-Paul pour ce beau texte sim­ple­ment l’image n’est pas de moi, elle est de Caro­line Sury! bien à vous

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>