Letizia Battaglia entre cruauté et innocence
Letizia Battaglia consacre son travail à dénoncer la mafia. En dépit de la peur qui faisait partie de son quotidien, ses photographies ont donné de Palerme une image particulière. A côté de beaucoup d’images de meurtres, elle a montré aussi ses conséquences de manière plus métaphorique. Dépassant le seul souci documentariste, celle qui fut aussi conseillère municipale, députée au parlement régional, qui fit voter des lois contre la mainmise de la mafia et qui s’occupa des plus des femmes mobilisées contre l’omerta, crée une œuvre à la force graphique incomparable.
Elle montre au-delà des rituels meurtriers une attention aux autres et laisse jaillir une humanité profonde. Tout ce qu’elle a pu voir et savoir, elle l’a montré là où les êtres se perçoivent entre l’ombre et la lumière posées sur le monde. Letizia Battaglia met l’accent entre l’exception et la règle.
L’œuvre développe l’idée que toute représentation du monde est une construction avec ses codes propres face à ceux qui répandent une idéologie douteuse et souterraine. L’œuvre est fruit d’une réflexion autant esthétique que politique et humaine. En ce sens, il faut considérer ce corpus photographique comme la traversée des apparences.
jean-paul gavard-perret
Letizia Battaglia, Festival ManifestO, du 16 septembre au 1er octobre 2016, Toulouse.