A l’ombres des jeunes filles en fleurs
Il faut se méfier des contes pour enfants de Morgane Callegari. Se prenant elle-même pour modèle, tout semble calme et serein dans son univers. Trop peut-être si bien que tout demeure en équilibre précaire au sein de la merveille et comme si les images allaient réveiller, sous la volupté, des signes cabalistiques là où l’artiste crée pourtant une étrange complicité.
Sans jamais cousiner avec le vulgaire — bien au contraire –, les femmes donnent l’impression de sur-vivre en surjouant leur tranquillité. Fruitées, pulpeuses elles saillissent du fond du paysage. Leurs corps semblent des vasques au sirop sublime qui ne guérit pas la fièvre mais l’accentue. Tout semble conter fleurette, néanmoins un doute subsiste. Il donne à l’œuvre tout son mystère. Flexions et lenteurs se mettent à battre. La surface se remplit ça et là d’ombre là où le plaisir s’alanguit sous de chatouilleuses coupoles, cavités, voûtes ou courbes et où la photographe monte et dresse un échafaudage d’air frais et ludique.
Tout ce qui s’ouvre écarte le manque mais jusqu’à quand ? Les scènes introduisent le regard dans l’autre versant de la chaleur. Nul ne peut parler de froideur pour autant. Restent des défroques conductrices où s’inventent des jeux enfantins, un peu indiens.
L’hallucination est de mise là où l’artiste sait s’attacher à un détail sans oublier ce qui joue un rôle important dans le plaisir : l’abandon, l’ombre et la lumière.
jean-paul gavard-perret
Morgane Callegari, Jeunes filles en fleurs in Loves stories – phautotomnales 2016, octobre 2016 — janvier 2017, Beauvais.