Aurélien Ducoudray & François Ravard, Mort aux vaches

Un bel hom­mage aux polars noirs

Dans ce huis clos, le scé­na­riste affine les rela­tions entre des indi­vi­dus que seul ras­semble et réunit l’appât du gain. Il mêle dif­fé­rents sujets qui s’intègrent par­fai­te­ment dans le pay­sage rural comme l’exode des filles, com­pensé en par­tie par l’arrivée de jeunes femmes venues d’Europe cen­trale, l’élevage des tau­reaux et le com­merce de l’insémination. A cela, il ajoute l’épizootie dite de la vache folle d’où le double sens du titre. Des dia­logues tru­cu­lents donnent l’essentiel car beau­coup de sen­ti­ments, d’émotions s’expriment par l’image.
Un gra­phisme d’une grande pureté en bichro­mie pour un effet révé­la­teur accom­pagne le tout.

Ferrand, José, Romuald et Cas­sidy pré­parent un bra­quage. Fer­rand et José se connaissent depuis long­temps. Ce der­nier n’est pas spé­cia­le­ment heu­reux de faire équipe avec Cas­sidy, une jeune femme au franc-parler. Ils déva­lisent la BK mas­qués pour se pro­té­ger des fumi­gènes qu’ils uti­lisent pour neu­tra­li­ser les forces de gen­dar­me­rie et partent se mettre au vert, pour un mois, dans la ferme de l’oncle de Fer­rand qui l’exploite avec son fils Jacky. Un lourd conten­tieux règne entre les cou­sins car Jacky s’empresse de lui don­ner un coup de poing sur le nez dès qu’il le voit.
La vie com­mu­nau­taire s’organise tant bien que mal, Romuald et Cas­sidy fai­sant lit com­mun, alors que les deux autres forment un vieux couple, ensemble depuis quinze ans. L’installation reste rus­tique, les retrou­vailles de Fer­rand avec le passé, un ancien ami devenu gen­darme, les liens amou­reux, les rela­tions avec le monde rural, les flash-backs qui expliquent cer­taines atti­tudes… Et puis l’envie de sor­tir de la ferme. Une suc­ces­sion de situa­tions qui amène un déchaî­ne­ment de pas­sions jusqu’à une conclu­sion brutale.

Un très bel hom­mage aux romans et films poli­ciers des années 1960, à la gouaille d’un Michel Audiard, au gra­phisme des titres des col­lec­tions du Fleuve Noir, aux thèmes chers à une lit­té­ra­ture où les truands avaient encore une “morale”, aux films d’un Laut­ner, au phrasé d’un Ber­nard Blier et d’un Lino Ven­tura.
Mort aux vaches est un régal pour la qua­lité de l’histoire, des dia­logues et du gra­phisme et offre un beau moment de nostalgie.

Voir quelques planches : http://www.futuropolis.fr/planche.php?id_article=790400&view=1&first=1

serge per­raud

Auré­lien Ducou­dray (scé­na­rio) & Fran­çois Ravard (des­sin), Mort aux vaches, Futu­ro­po­lis, sep­tembre 2016, 112 p. – 19 ‚00€.

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