Dans les reprises et prolongements de deux séries, Paul-Armand Gette propose une vision métaphorique du plaisir. Dans l’une, une jeune femme joue le jeu du désir grâce à diverses « prises » d’un loukoum. Dans l’autre, Sophie se dévoile : ses vêtements sont à moitié enlevés, sa culotte est abandonnée sur le sol. Mais on est loin des visions hardcore. P-A Gette prouve simplement qu’il reste le plus espiègle et le plus jeune des artistes érotiques.
Le loukoum rose d’Aziyadé a été créé à l’origine pour une exposition intitulée Hommage à Pierre Loti. Ayant fait appel à une jeune modèle qu’il connaissait, en complicité avec celle et grâce au Turkish Delight (autre nom du Loukoum : « repos de la gorge »), cette femme a revêtu l’image d’Aziyadé et P-A Gette (en « off ») celle du prince d’Orient pour recréer une archéologie du loukoum grâce au petit coup de langue que la jeune femme pratiquait en les dégustant : « Tu léchais puis mordais légèrement le coin de la confiserie turque avant de la regarder soigneusement, tu préférais celles de couleur rose parfumées à la rose. Je ne me doutais pas encore que pendant plus de 20 ans, ce triangle à la jonction de trois arêtes, deviendrait une Bermude fantasmatique dans laquelle j’allais me perdre souvent. » écrivait Paul-Armand Gette. Et il n’a pas menti.
Avec Rose, dans la série de polaroïds qui sont consacrés (surtout) à l’aréole de ses seins, l’artiste s’attache à témoigner de l’intime et du désir tout en invitant le spectateur à explorer ses propres fantasmes. L’artiste y poursuit son conte d’enfant où une jeune fille à l’herbier devint l’initiatrice d’un voyage à perpétuité terrestre entre le féminin et la nature. Depuis les deux images se rencontrent et P-A Gette ne cesse de filer la métaphore de ce que devient ce temps : le corps est un paysage et le paysage (fut –il réduit à un loukoum) un corps ou au moins son triangle, « calice de l’hédonisme ».
Chez le créateur, le modèle porte mal son nom puisque la femme devient partie prenante de l’œuvre en n’en étant pas seulement l’actante. Existe tout un jeu entre les deux protagonistes libres et sans liens d’obligation sinon peut-être celui du plaisir. P-A Gette s’intéresse plus au jeu qu’à la technique : peu lui importe le réglage ad hoc des focales, des mises en scène ou du cadrage. Travaillant avec l’immédiat et ce qu’il a sous la main, seul le récit du désir compte.
Les pudibonds et les frustrés sont toujours gênés par celui qu’ils taxent de « pervers pépère » eu égard à son âge. Il est vrai qu’il existe un charme de l’érotisme et une charge libidinale qu’on n’attend sans doute pas chez un « vieillard ». Il prouve que l’humour et le plaisir n’ont pas d’âge.
jean-paul gavard-perret
Paul-Armand Gette, Trois semaines pour venir contempler le loukoum rose d’Aziyadé dans la chambre turque — Le jeu de la rose avec Sophie. Galerie de France, à partir du 6 octobre 2016.
54 rue de la Verrerie — 75004 — Paris
tél : + 33 (0)1 42 74 38 00 — info@galeriedefrance.com
JEUDI 22 SEPTEMBRE 2016
Ouverture PAUL ARMAND GETTE — “Turkish Delights”
3 semaines pour venir contempler: le coin du loukoum rose d’Aziyadé, Sabine dans la Chambre turque, le Jeu de la rose avec Sophie.
ET lecture de l’artiste avec Emilie Girault dans le rôle de Tenebria Lupa
le jeudi 6 octobre à 19heures précises.