Venant sur les terres transalpines pour boire un café ristretto, Kenny Ozier-Lafontaine en a ramené un morceau de sucre. Nul ne peut dire s’il s’agit d’un hommage à Zucchero. C’est peu probable : l’auteur ne doit pas être sensible au bel canto italien, fût-il rauque et râpé comme du gorgonzola.
Toujours est-il que son texte est bien enveloppé. Et pas n’importe où. Pulcinoelefante est une maison d’édition particulière. Fondée par Alberto Casiraghi, chaque superbe plaquette (tirée à 40 exemplaires) est imprimée à la main à l’aide de plombs mobiles, sur le prestigieux papier allemand “hahnemuhle”.
Chaque année paraît une centaine de titres formés d’un texte (aphoristique ou court) accompagné d’une gravure ou d’un dessin. Kenny Ozier (aka Paul Poule) rejoint donc une prestigieuse galerie (de Gregory Corso à Samuel Beckett côté écriture, de Claudio Parmiggiani à Flora Graiff côté arts plastiques. Ou encore Tania Sofia qui devient la mouche du coche et du sucre de l’écrivain).
L’insecte, s’il reste tel quel chez l’italienne, devient l’objet pornographique qui méduse et repousse l’intempestif poète. Preuve que si l’éléphant trompe, le mini volatile fait de même et fout la merde sur le blanc de cuisse comme sur le parallélépipède vierge issu de la canne à sucre.
jean-paul gavard-perret
Kenny Ozier-Lafontaine, Zucchero, dessin de Tania Sofia, edizioni Pulcinoelefante, Ravenne, 2016.