Le recueillement nécessaire à l’amour transforme les nouvelles de Dominique Marie Dejean en rituels. Elle tire les rideaux, les ficelles. Exit les orgues et leurs prières, bienvenue aux débordements. L’auteur n’a pas besoin de déplier des raisons. Le corps surgit impeccable, brillant comme un sirop qui a longtemps bouilli avant de s’extraire de sa gangue. Les sainfoins se teignent d’amarante et les genêts ploient dans la bourrasque.
Manière pour l’auteure de manier la trique pour faire avancer l’âne (au besoin — ce qui est plutôt rare…). Elle n’en perd plus son âme. L’amour se libère de toutes entraves. Les textes permettent de penser le féminin, son rapport à l’autre dans la jubilation d’un parcours initiatique. Il provoque un ravissement puisque Myss Do n’en retient que l’harmonieux et accompli.
Dominique Marie Dejean, Emois et volupté, Les presses Littéraires, 2016 — 12,00 €
Voir Site : Myssdo.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La joie de vivre et l’odeur du café… Et aussi l’espérance d’une nouvelle journée en découverte
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je les ai enfermés dans la boîte de Pandore.
A quoi avez-vous renoncé ?
De manière générale, je ne renonce à rien, mais je dois me rendre à l’évidence, j’ai renoncé à faire écouter et voir à tous ceux qui jouent les sourds ou les aveugles.
D’où venez-vous ?
Je suis née en terre Catalane et j’ai vécu toute mon enfance au pied des châteaus cathares au milieu des vignobles baignés de soleil et de tramontane.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Sans réfléchir un instant, la patience ! Je suis exemple dans l’exemple. Et peut-être aussi l’empathie.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Pas vraiment, je n’aime ni le quotidien, ni l’habitude …Un petit plaisir ? Je dirais des plaisirs, ceux de la vie. Rire, boire, manger, s’émerveiller d’un sourire, d’une larme, d’un regard, jouir … liste non exhaustive.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes et écrivains ?
Je ne me suis jamais posé la question. A vrai dire, nous sommes tous différents et uniques.
Comment définiriez-vous votre approche de l’Eros ?
Par opposition à Thanatos … Pour moi Eros symbolise la vie dans ce qu’elle a de plus sensuel, au sens propre du mot. L’érotisme fait appel à tous les sens dont nous sommes dotés. De plus, je voue une grande admiration à la féminité et c’est de ce côté-là que je suis au plus près de l’érotisme. L’imaginaire joue un grand rôle… les fantasmes sont là et ne demandent qu’à s’exprimer.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Le tableau « Judith » de Gustav Klimt, artiste à qui je voue une grande admiration artistique.
Et votre première lecture ?
Enfant, j’ai épuisé à force de les lire, « Les malheurs de Sophie »… l’espièglerie sûrement, mais aussi « La gloire de mon père » de Pagnol.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Je ne peux vivre sans musique, j’écris en musique ! J’aime la pop anglaise et le rock mais aussi la chanson française pour la beauté de la langue ( Murat, Mengo, Belin, Biolay, Arthur H, pour les contemporains) mais aussi la musique classique. Il serait plus simple de répondre à la question : « quelle musique n’aimez-vous pas ? » la country et le jazz moderne
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Inutile de réfléchir, « L’étranger » de Camus.
Quel film vous fait pleurer ?
Cela dépend de mes états d’âme. Je préfère pleurer de rire. Mais dernièrement, je fus retournée par « Le dernier loup ».
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Avant ou après avoir mis mes lunettes de vue ? J’aime assez le mystère que je dégage dans le flou !
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A moi-même ! Peur de lire dans mes pensées !
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Rome. Cette ville en plus d’être mythique dégage une magie exceptionnelle.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Ils sont nombreux et si différents. Certains m’ont guidée comme Anaïs Nin, Paulo Coelho. Une grande admiration pour Victor Hugo depuis ma plus tendre enfance et puis tous les poètes et plus particulièrement Baudelaire.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
C’est bientôt… Un sublime appareil photo pour améliorer la qualité de mes clichés
Que défendez-vous ?
La tolérance sous toutes ses formes, la liberté et le droit à la différence.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
Aimer, c’est faire don de soi sans entraver sa liberté, ni celle de l’être aimé…. ce que je sais, c’est que je ne peux concevoir la vie sans amour.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Penser qu’il existe une alternative, est-ce alors une illusion ?
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Pourquoi avoir choisi l’érotisme comme genre littéraire ? Et je n’ai pas la réponse.
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 28 juin 2016.
Bonjour Dom’, ça colle parfaitement avec la personne que je connais, entière ..
Marrant la dernière remarque pour n’avoir la réponse à cette question sans doute parce que celle-ci ” je suis moi ainsi “.
Vous suivre ainsi est un délice …
Et très joli chemin parcouru …
Mes hommages,
LC N/MP