C’est à feu doux (mais pas toujours) que Nathalie Tacheau fait “revenir” le corps. Il ne croustille pas forcément et reste à l’étouffée dans des voilages qui l’empêchent d’être embroché. Plus que motif, il reste la cellule première à partir de laquelle tout se compose au sein de narrations intempestives et le plus souvent érotiques ou drôles — ce qui n’est pas incompatible.
D’autant que, lorsque le corps humain ne suffit plus, l’animal rit. Et l’artiste le fait insectes et coléoptères aux teintes multiples de la douceur, de la séduction, de la cruauté, de l’attirance et de la répulsion.
Existe toujours chez Nathalie Tacheau une enquête filée où se pose la question de la relation à l’existant. L’intime y est subtilement phagocyté par tout un jeu de caches et de métaphores. Tout est aussi furtif qu’essentiel. Il s’agit de mettre à nu sans déflorer, faire que le désirable soit effleuré dans un processus unique où la femme est, en divers avatars « la pierre vivante », l’image par excellente de la sur-vivance au nom des tempêtes impossibles à résorber de l’enfance et de l’amour inoubliable.
Les êtres y demeurent sous de multiples apparences et dans des envols aux trajectoires inachevées. S’atteindront-ils ?
jean-paul gavard-perret
Nathalie Tacheau, Box et Livre, Edition LittératureMineure, Rouen, 2016.