Elise Bergamini et l’ineffable
Chaque œuvre d’Elise Bergamini crée d’étranges attelages entre l’épure et ce à quoi elle renvoie. Existent par ce biais des discordances augurales à une autre vision de monde. Le féminin y est repris en main par la créatrice. La profondeur du propos ne supprime pas pour autant une forme légèreté.
Le jeu de l’ineffable provoque à la fois un écart et un accroissement là où les ébauches des silhouettes vives sont adossées au silence.
Existe toujours un souffle « pur ». Il réenchante le monde, le sort de sa glaciation masculine, selon un érotisme où la sensibilité remonte des premiers émois. L’espace est mental mais pas seulement. La suggestion demeure le maître mot d’un travail attentif à la volupté et à une paradoxale précision qui ne se saisit pas forcément à première vue.
Entre offrande et adresse, l’image reste à l’état d’essence à travers la matière filiforme. Et si l’image devient une mémoire, il ne s’agit pas de celle du temps passé mais d’un incessant avenir.
jean-paul gavard-perret
Elise Bergamini, Livre, Editions LitteratureMineure, Rouen, 2016 — 8,00 €.