Les œuvres de Silvia Velazquez, plutôt que de présenter un miroir, s’accordent à la pure contemplation. L’émotion semble muette parce que le lyrisme prend une voie particulière. Il se trame par la magie et le jeu des lignes dans leurs ordonnancements. Rien ne bouge et tout est en mouvement.
Il faut se laisser prendre dans cet univers où l’image se détache d’elle-même. Suspens et vertige, opacité et transparence, concept et sensation. Une pudeur éclate là où tout est en tension et en « abstraction ».
Silvia Velazquez, Life, Art-Flon, Lausanne, 27–28 mai 2016.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie d’accomplir mes projets.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’en ai réalisé quelques-uns et je rêve encore d’autres.
A quoi avez-vous renoncé ?
À vouloir tout organiser et planifier à l’avance.
D’où venez-vous ?
D’une grande famille dans un petit pays d’Amérique du Sud, l’Uruguay.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Le respect pour les autres et la capacité de profiter des choses simples de la vie.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Mon premier café de la journée.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Je donne la même importance à l’aspect visuel qu’au conceptuel dans mes œuvres.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Je ne me souviens pas exactement laquelle, mais elle devrait être sûrement l’une des œuvres de l’artiste uruguayen Joaquín Torres García qui étaient partout à l’école et dans nos livres et que j’aimais beaucoup. Autrement, je me rappelle avoir regardé sans cesse les images de la Chapelle Sixtine dans un livre d’histoire de l’art qu’une tante m’avait offert quand j’étais toute petite.
Et votre première lecture ?
C’est pareil que pour les images. Difficile de dire ma première lecture. J’ai toujours aimé lire.Un des livres que j’ai lu étant enfant est Platero y yo, du poète espagnol Juan Ramón Jiménez. Cela fait tellement longtemps que j’arrive à peine à me rappeler de quoi il s’agit… il y a très peu, j’ai trouvé par hasard un exemplaire d’occasion en espagnol et je le garde pour le lire avec mon enfant quand il sera un peu plus grand (maintenant il a seulement un an).
Comment définiriez-vous votre approche de l’abstraction géométrique ?
Comme une nécessité. Une façon de m’exprimer et de créer un langage qui me soit propre, mais qu’à la fois les personnes puissent s’en approprier facilement.
Quelles musiques écoutez-vous ?
La musique des années 80 et 90 en anglais. A-ha, Roxette, Cock Robin, R.E.M., etc.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Le seigneur des anneaux ». La première fois que je l’ai lu, j’avais huit ou neuf ans, bien avant la sortie du film.
Quel film vous fait pleurer ?
« La couleur pourpre ».
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
La même fille de quinze ans que j’étais, mais avec quelques rides en plus.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Pour le moment, à personne.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
San Francisco. Je ne suis jamais allée dans cette ville des États-Unis, mais je sens que je vais adorer cet endroit.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
L’artiste Victor Vasarely et l’écrivain uruguayen Mario Benedetti.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une table à dessin professionnelle.
Que défendez-vous ?
La liberté que j’ai quand je suis dans mon atelier.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Pourquoi ne voudrait-on pas de l’amour ?
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Oui.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Un mot pour la fin ? Un grand merci pour cet entretien et aussi aux lecteurs de Lelitteraire.com.
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 15 mai 2016.