Deux portraits de femmes en quête de liberté et de vérité
Août 2014, Eden emménage dans une nouvelle maison à New Charlestown en Virginie Occidentale. Elle espère y sauver son mariage mis à mal depuis que son mari Jack et elle tentent désespèrement d’avoir un enfant. Triste et désemparée, Eden commence néanmoins peu à peu à s’adapter à sa nouvelle vie. Le chien que Jack lui a offert lui permet de lier connaissance avec une adolescente volubile et sympathique, qui connaît toute le monde à New Charlestown, et va l’aider à s’intégrer. Lorsqu’Eden fait la découverte d’une tête de poupée ancienne dans une cave bien dissimulée, sa curiosité va la pousser à en savoir plus sur le passé de sa maison, et son entourage.
1859, la jeune Sarah Brown, aide son père, abolitionniste réputé pour sa bonté et son efficacité. Sa vie bascule quand elle apprend qu’elle ne pourra jamais avoir d’enfant, et elle décide alors de se consacrer au combat de son père et de faciliter la fuite des esclaves.
Deux femmes, deux époques différentes. Deux vies que le fil de l’Histoire va finir par relier à jamais.
Après le succès international de Un goût de cannelle et d’espoir, Sarah Mc Coy nous revient avec un second roman qui lui aussi se joue des époques pour nous conter deux destins incroyables.
Dans un monde aux lois dictés majoritairement par des hommes, Eden et surtout Sarah font face au regard d’une société où donner la vie devient plus important que vivre sa vie et surtout la réussir. Les deux femmes ont plus d’un point commun : détermination, courage, solitude face à certains choix, et à plus de cent cinquante ans de distance, leurs histoires respectives vont se retrouver mêlées, quitte à bousculer notre vision de la grande Histoire.
En effet, tout comme dans son premier roman, Sarah Mc Coy trouve l’inspiration dans le passé pour revisiter le présent. Elle fonde les prémices de son roman pendant la guerre de Sécession américaine, et dévoile au lecteur quelques dessous souvent méconnus du Chemin de fer Clandestin, réseau abolitionniste qui aidait les esclaves noirs à se cacher et faire route vers la liberté. L’auteure s’est richement documentée sur la famille Brown, qui fut un des piliers de ce réseau, ce qui donne à son roman une véracité et une authenticité exemplaires. Un parfum d’encre et de liberté est cependant bien un roman, et pas un essai historique. La romancière apporte d’ailleurs quelques précisions à ce sujet en appendice.
On retrouve la même sensibilité que dans le premier roman, et beaucoup de poésie aussi, même si finalement on est un peu moins surpris par Eden et Sarah que par Elsie, l’héroïne d’Un goût de cannelle et d’espoir. Sarah Mc Coy saura, c’est certain, séduire encore de nombreux lecteurs, car sa passion pour l’histoire en la juxtaposant aux problèmes de société d’aujourd’hui est des plus contagieuses.
franck boussard
Sarah Mc Coy, Un parfum d’encre et de liberté, Michel Lafon, 2016, 398 p. — 21, 90 €.