Jean-Pierre Georges : Au commencement la répétition
Jean-Pierre Georges ne cherche pas à attiser des tempêtes émotives superfétatoires. Et si l’écriture ne sauve pas, elle fait « avancer » contre l’enlisement et l’accident de l’existence par la culture qui l’alimente afin de « se pousser autrement qu’avec des vagissements ».
Pour le poète, la nature étant répétitive il n’est donc pas étonnant que l’homme lui emboîte le pas, même s’il trouve là et, à force, un certain ennui en se demandant ce qu’il fout là. Pas question pour autant d’en faire une choucroute. Quelque chose suit son cours et ce n’est déjà pas si mal. Mais cela permet au discours de se poursuivre sans forcément vivre d’espoir ni mourir de chagrin — du moins tant que faire se peut.
Pour autant, ce type de discours peut, sinon aider les autres, du moins leur proposer un divertissement pascalien (humour en sus). Evitant la plainte et la complainte, celui qui n’a « Aucun rôle dans l’espèce » (titre de son livre chez Tarabuste en 2003), au sein d’une prose poétique aphoristique, peut prétendre mieux qu’à une illusion de temporalité. Chacun de ses fragments est l’artifice du désir qui — projetant dans les mots un certain rêve d’existence auquel la vie ne peut répondre — permet de se retourner contre un désastre certain.
L’aventure du langage reste donc une aventure essentielle car existentielle. Mais à un bémol près : « On écrit à la place de rien. C’est tout le reste qui est à la place d’écrire ». Preuve que le texte n’empêche pas de vivre. Il suffit de le sortir de son aspect narcotique.
jean-paul gavard-perret
Jean-Pierre Georges, Jamais Mieux, Tarabuste Editeur, Saint Benoit de Sault, 2016.
“On écrit à la place de rien.“
On prend la place de personne.
Personne occupe un vide.
Et la phrase le dévide.