Se complétant en miroir (« épreuves » et textes accomplis), dans ces notes de vie (notes étant autant sur le départ qu’à l’arrivée), Guillaume Decourt poursuit son épure autobiographique. Elle inscrit la suprématie de l’écriture poétique en prose pour transcrire l’existence par touches, toujours concises, d’évènements pas forcément « marquants ». Néanmoins, ils deviennent des visions de silhouettes comme par exemple “celui qui fume une cigarette” et qui “vient d’un pays où les fins de phrase tombent à pic”.
Ecrire n’est pas pour autant clarifier mais vivifier davantage avec la juste densité et la célérité nécessaire de la phrase afin d’ouvrir le champ magnétique de l’étrange le plus quotidien. Il s’agit d’offrir la courbe invisible qui agit en parallèle à courbe d’évidence. Les deux se complètent pour mettre à jour, avec une lucidité secrète, le monde. Celle-ci reste de la grandeur du poète lorsqu’il se veut un homme.
Des scories du temps sont donc dégagées ces vignettes, prises autant à la source de l’intime que du monde. Le tout dans une fidélité à une pensée éclairée qui enchante le monde en se lovant plus près du pur silence que du grondement tumultueux.
jean-paul gavard-perret
Guillaume Decourt, Chasse-pierres, OX, 2016 (11 rue de la Sourdière, 75001 Paris).