Marie Piselli, HOP…E

Fantômes que fantômes ?

Marie Piselli a décou­vert la pri­son de Dra­gui­gnan après son éva­cua­tion suite aux inon­da­tions de 2010. Tou­chée par le lieu et ses « fan­tômes », l’artiste en a fait le pré-texte à son expo­si­tion. Elle en convulse le silence d’interventions plas­tiques qui tiennent lieu de lexique pour une relec­ture du lieu. Du maté­riel de la pri­son (lits, portes, etc.) elle a fait la « mate­ria prima » qu’elle méta­mor­phose dans une sorte d’allégorie de notre monde en muta­tion. Si bien que le « châ­teau » de la colo­nie péni­ten­tiaire se trans­forme en golem par dépla­ce­ment de ses « pièces » d’un lieu vers un autre.
Du désastre phy­sique de la pri­son mais aussi de ceux qui le han­taient, Marie Piselli pro­pose une  Renais­sance que sym­bo­lise le titre de l’exposition : il appelle l’évasion, la liberté. Les objets pre­miers ont été dépla­cés du lieu de l’enfermement à celui de l’espérance : la Cha­pelle de l’Observance. Celle-ci impose ses laby­rinthes datant du XVème siècle. Et sou­dain, les stig­mates de la pri­son contem­po­raine deviennent les pré­mices à une visi­ta­tion d’un nou­veau genre.

La plas­ti­cienne en forge la « clé » en la mode­lant sur le plan de l’édifice. Son « Burin » devient le moyen d’ouvrir des pos­sibles et de pro­po­ser un par­cours au milieu des esca­liers et des portes des anciennes cel­lules, là où passé et pré­sent se répondent et rebon­dissent vers un autre futur au moment où l’artiste inclut diverses œuvres qui sont de nou­veaux ins­tru­ments cri­tiques.
Marie Piselli, par ses pro­po­si­tions, pose bien des ques­tions et des remises en cause à tra­vers ces jeux de piste, d’objets et d’œuvres. Un décloi­son­ne­ment fonc­tionne entre fer­me­ture et ouver­ture, réel et ima­gi­naire. Le pro­pos inquiète autant le lieu sacré que celui de l’opprobre social par un savant désordre. La cécité humaine se voit bai­gnée de lumi­no­sité. A la grille se sub­sti­tue le cir­cuit. La crypte ne clôt plus et les herses se diluent.

jean-paul gavard-perret

Marie Piselli, HOP…E , Cha­pelle de l’Observance, Place de l’Observance , 83300 Dra­gui­gnan, mai-juillet 2016.

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