Mémoires de l’homme qui a tué Mesrine
Avec son pedigree long comme le bras (BRB, BRI, SORS, GIPN, RAID, Antigang, SPHP…), Jean-Louis Fiamenghi en a, des choses à raconter sur les coulisses des interventions à risques. C’est ce qu’il fait dans ce livre agrémenté d’un livret comportant des clichés, dont certains jamais montrés jusqu’alors, comme celui du fameux camion à la bâche bleue dans lequel planquaient les cinq membres de l’Antigang qui ont abattu Jacques Mesrine le 2 novembre 1979.
Et si d’autres photos ont fait la une des journaux à leur époque, notamment celle, la plus fameuse, de la BMW verte criblée de balles de « l’ennemi public numéro un » à la porte de Clignancourt, elles n’en sont pas moins saisissantes tant les événements ont fait l’histoire de notre pays. Car « Fiam » a à son palmarès l’arrestation de certains des hommes les plus recherchés en leur temps, de François Tortosa à Yvan Colonna, en passant, donc, par Mesrine.
Depuis ses débuts au sein de la police — quand la « dégaine » des nouvelles recrues fait pâlir les anciens et leurs « costumes trois pièces » et qu’on le surnomme en raison de son look « Bébel » ou « Boucle d’or » (Il est recruté au Quai des Orfèvres en 1972 et une photo est là pour attester de la ressemblance avec Jean-Paul Belmondo) - jusqu’à son rôle de « bodyguard de la république » en fin de carrière, où il protège notamment le pape Benoît XVI ou Barack Obama en visite en France, Fiamenghi raconte de l’intérieur le quotidien des policiers des services qu’il a occupés.
Et d’anecdotes (comme celle du pickpocket interpellé dans le métro et qui réussit à voler leur montre aux policiers qui l’interrogent dans leur bureau du « 36 » !) en passages émouvants (la mort des collègues en intervention), il nous permet d’entrer au cœur de ce qui reste certains des services les plus secrets de notre pays. Que des hommes comme lui écrivent leurs mémoires constitue à la fois un cadeau pour qui se passionne pour les grandes histoires criminelles de son pays, et un témoignage rare sur les pratiques, l’entraînement et la vie de nos unités d’élite.
“Au cœur de l’action”, on y est réellement. On pourra seulement regretter un style assez plat, souvent répétitif (le livre est écrit comme on parle, en somme, mais l’effet produit est moins celui de la proximité narrateur-lecteur que l’impression de maladresse) et parfois même fautif (« Je redescends sur terre et doit admettre que je viens de vivre mon baptême du feu » p. 27). Heureusement, le contenu est assez passionnant pour faire oublier ces imperfections, et le livre se lit, au bout du compte, comme un assez bon polar.
agathe de lastyns
Jean-Louis Fiamenghi, Dans le secret de l’action. Mémoires, Mareuil, janvier 2016, 230 p. — 19,00 €.