Barbara Polla pulvérise les apparences et réduit tout cliché en miettes. Il n’existe pas ici de poudre aux yeux mais l’approche d’une certaine « violence » en une crudité qui se décline entre féminisme et science-fiction. Virtuel et réel sont recomposés pour donner aux corps et à l’esprit plus de force en transformant l’être en machine et la machine en être. Le tout au moyen d’une héroïne bio– informaticienne qui se prête à des manipulations sur la notion même d’existence.
Traquant le mystère de l’être et ses envoûtements subis, l’auteure — qui comme son héroïne aime assurément beaucoup les hommes — tisse ainsi une trame où derrière le biologique apparaît quelque chose de plus intime encore. Ne s’y duplique pas du semblable, ne s’y offre plus un rituel de certitude programmée.
C’est pourquoi, le saut existentiel que l’auteur appelle de ses vœux doit engager au pas au-delà, du « même » comme du réel et de la finitude, pour habiter l’enfoui, l’altérité et afin d’entamer une percée d’un secret. Le tout sans retomber toujours dans les mêmes structures littéraires et fictionnelles dont l’objet est de se contenter d’en préserver des invariances peu reluisantes sous effets de strass. A celui-ci, l’auteur propose une programmation et un squelette qui dépassent nos espoirs sans que l’auteur, néanmoins, l’héroïne de Troisième vie, réussisse à atteindre toutes ses espérances.
jean-paul gavard-perret
Barbara Polla,
– Troisième vie, Editions Eclectica, 2016.
– Vingt-cinq os plus l’astragale”, art&fiction, Collection Shush Larry, Lausanne, 2016.