Les envoutées : Alison Bignon & Camille Moravia
On ne sait qui d’Alison Bignon ou de Camille Moravia a entraîné l’autre dans un jeu (dangereux ?). Il y a là des nuits blanches, des marges de clairs obscurs. Les corps se mêlent en une lisière indécise. Les ondes y sont parfois pudiquement biffées. Mais cela n’empêche en rien l’idée d’une cérémonie secrète. Elle mixe l’état d’éveil et de rêve là où les gisantes glissent dans d’autres bras que ceux de Morphée.
Les visages restent volontairement « muets » pour éviter une psychologisation à outrance. Surgit une langueur ineffable pleine de silence. Le voyeur y est soumis au piège des images, leurs labyrinthes plus que leurs évidences.
Déshabillées, les deux artiste feignent d’emporter le voyeur à l’hôtel des songes. Mais ces filles sans sommeil ont leurs yeux grands ouverts sur le silence et en grande harmonie. Il faut se laisser prendre par les vagues pudiques, sensuelles et ironiques. Tout demeure impénétrable. Les deux protagonistes s’y font libres et tendres. Prisonnières consentantes de leur propre « jeu ». Une inquiétude demeure présente. Comment l’apaiser ?
jean-paul gavard-perret
Alison Bignon & Camille Moravia, Particule de fin, Galerie de la Vote, Paris, du 18 au 26 mars 2016.