Le triangle des Bermudes de François Andes : entretien avec l’artiste

L’art de Fran­çois Andes ose l’animal et le monstre. Cette figu­ra­tion crée la coa­gu­la­tion de nos fan­tasmes et de nos fan­tômes. Elle affecte sous le mode de l’incompréhension sidé­rante. Le créa­teur anime tous les étran­gers qui nous lient au peu que nous sommes comme à l’espace qui nous sépare de nous-mêmes. Ses « mons­tra­tions » rap­pellent la vie d’avant le jour et d’avant le lan­gage. Il convient d’entrer dans leur épais­seur et pré­fé­rer l’imagerie de nos dam­nés à la caserne de notre pré­ten­due pureté. Fran­çois Andes fait donc glis­ser du paroxysme de l’idéal à l’abîme bes­tial, son enfer, sa ger­mi­na­tion. L’œuvre fabrique une pers­pec­tive que nous vou­lons igno­rer. Elle est sans le vou­loir peut-être poli­tique et héroïque. Cela sent le souffre et la farce.

 Entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’amour de et pour mes proches.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Ils conti­nuent de se construire.

A quoi avez-vous renoncé ?
À rien, mais le temps est trop court.

D’où venez-vous ?
D’une construc­tion liée à l’histoire des Arts en géné­ral et de celui des Flandres en par­ti­cu­lier du coup peut-être d’Italie.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
La curiosité.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Le plus pos­sible et aussi des grands.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Rien, je crois.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Le tri­angle de poils pubien d’une de mes cou­sines pen­dant que je m’amusais à faire se com­battre, dans une arène faite de métal, un scor­pion et des fourmis.

Et votre pre­mière lec­ture ?
« La cou­leur tom­bée du ciel » de HP lovecraft.

Pour­quoi votre atti­rance pour les “monstres” ?
Cer­tai­ne­ment dans la somme de mes réponses aux autres questions.

Quelles musiques écoutez-vous ?
De la musique pré-Renaissance à l’expérimental actuel et prin­ci­pa­le­ment Mon­te­verdi, Bach Schnittke, Mike Pat­ton, Uri Caine, Malher…

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Les Méta­mor­phoses d’Ovide, Kubla-Khan de Cole­ridge,  L’aleph de Bor­gés, Roger Gil­bert Lecomte.

Quel film vous fait pleu­rer ?
« La nuit du chas­seur » de Charles Laugh­ton, « je t’aime, je t’aime » d’Alain Resnais et toute l’œuvre de Tarkovsy.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Quelqu’un qui rajeunit.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À beau­coup de per­sonnes artistes dont j’admire le travail.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Naples et Palerme.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Jorge luis Borges, Jean Lor­rain, Jérôme Bosch, Fre­de­rico Fel­lini, Albrecht Durer.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
La surprise.

Que défendez-vous ?
Mes espaces.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Que ce com­bat est inté­res­sant à mener.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Qu’il s’agit d’un abîme.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Qu’aimez vous cuisiner ?

Entre­tien et pré­sen­ta­tion réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 4 mars 2016.

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