Esther Tellermann, Sous votre nom

Un monde laby­rin­thique et gno­mique fait d’un lan­gage abrupt et sans concession

Esther Tel­ler­mann est la maî­tresse en poé­sie d’un ima­gi­naire par­ti­cu­lier. Il mêle les élé­ments de la psy­ché per­son­nelle de la créa­trice à divers sym­boles en un long poème qui n’a plus rien à voir avec un brouet dis­pen­dieux qui ramè­ne­rait le texte à une auto­fic­tion. Se pénètre un monde laby­rin­thique et gno­mique fait d’un lan­gage abrupt et sans conces­sion. Ce long poème réunit le chant et ses frac­tions au sein d’une voix inté­rieure qui semble tou­jours sur le point de se cas­ser. La poé­tesse évite tous les effets là où l’ésotérisme donne à l’intimité une face nou­velle. A tra­vers elle, Esther Tel­ler­mann ouvre des inter­ro­ga­tions là où elle feint de n’offrir que des états de constatation.

Comme le titre peut l’indiquer, Sous votre nom est le poème de la sous-conversation et d’un adve­nir à soi en un appel à une forme de trans­cen­dance. Celle-ci se nour­rit de l’instant de l’écriture fondé sur un passé pré­sent et col­lec­tif. Elle lorgne vers un inces­sant ave­nir dans lequel la ques­tion de l’identité reste une énigme. Cet adve­nir demeure avant tout spi­ri­tuel : l’âge venant, la poé­tesse trouve une sagesse et un par­don. Les échanges de l’altérité poussent à un nou­vel accord. Le corps, la terre n’y sont pas oubliés, mais les deux deviennent en connexion avec un monde de la « dif­fé­rance » (comme écri­vait Der­rida).
Sor­tant du contexte de la quo­ti­dien­neté, le livre dans sa pro­pen­sion oni­rique devient une spé­cu­la­tion. Il per­met de retrou­ver l’être pro­fond voué à un non-savoir et une attente per­pé­tuelle. La poé­sie est une manière de cas­ser l’attente, elle se reven­dique comme action et pro­pé­deu­tique : “écou­tez / ce qui vibre / et gagne / altère / la race / ral­lie / la horde / dérobe la / réponse / et nous / sus­pend / à l’air”. Preuve que cette action n’est pas simple et que le lieu de poème demeure une inci­ta­tion au retour à soi dans l’appel à l’autre comme com­plé­ment de son identité.

jean-paul gavard-perret

Esther Tel­ler­mann,  Sous votre nom, Flam­ma­rion, 2015, 256 p. — 18,00 €.

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One Response to Esther Tellermann, Sous votre nom

  1. Johnb761

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