Paul-Armand Gette : la séance est rouverte
Le rapport qu’entretient Paul-Armand Gette avec l’art n’est pas tenu sous le registre de l’absolu et de la perfection. Ses « dialogues » et ses glissements d’images ne vont pas sans heurts, humour et ni crudité au sein d’une confrontation communicante avec ses modèles et leurs voyeurs. Le tout dans une communauté de l’inavouable. Au peseur de traces se substitue le perceur des apparences en une dynamique capable de créer une gravitation concrète au sein du discours des images. Surgit une poésie à et de l’état élémentaire : le toucher par exemple dans le cas des trois évènements de Lyon, cubes d’air frais et fouets pour visitations intempestives.
Se moquant des tatouages de la notoriété, Gette aime froisser les regardeurs. Maître en déceptivité, il propose du massif compact plus que de l’ajouré. L’artiste réinscrit la traversée du regard dans l’altérité du langage plastique. L’art devient une figuration de son noyau innommable par des éléments « bruts » qui a priori ne s’y prêtent pas forcément.
Paul-Armand Gette rejoue les dispositifs artistiques afin que surgisse ce que Maldiney nomme la « restance » des images, acte de figuration au sein même du noyau innommable autour duquel tournent les arts. Preuve que créer c’est d’abord décréer dans ce qui tient d’un acte de résistance et bien sûr d’une évolution qui, « écrit avec un R » devant, est encore mieux. Appelons cela des images de bas-de-casse.
jean-paul gavard-perret
Paul-Armand Gette,
- Le Toucher, Portfolio édité par URDLA, Villeurbanne,
- La passion des limites, Galerie Domi Nostrae, Lyon, du 3 mars au 9 avril,
- Evolution avec un R c’est encore mieux, Centre d’Arts Plastiques, Saint Fons du 4 mars au 30 avril 2016.