C’est relever un beau défi que vouloir raconter l’histoire du monde, des temps anciens au XXe siècle, même en trois volumes et quelques 1500 pages. C’est pourtant ce pari qu’a relevé John M. Roberts, un historien britannique qui a enseigné aux USA et à Oxford, au Royaume-Uni, avant d’être nommé vice-chancelier de l’université de Southampton.
Comment a-t-il abordé et traité un tel chantier, car son étude ne porte pas que sur le monde occidental, mais raconte des civilisations lointaines comme celles de l’Inde et de la Chine ? Il a déjà posé le concept à partir d’une question fondamentale : qu’est-ce que l’Histoire ? Pour lui, c’est le récit d’actions, de démarches du genre humain que celles-ci soient de son fait ou échappe à son contrôle comme, par exemple, des changements climatiques ou des épidémies. Une question subordonnée vient alors : quand commence l’histoire ? La réponse revient à définir le début de l’humanité.
Ce premier volume se compose de trois parties, à savoir : Avant l’Histoire, Les Civilisations, L’Âge classique. Dans la première partie, l’auteur expose la naissance du genre humain, son évolution depuis les fondations qui ont permis son émergence, jusqu’au seuil de ce qui peut être considéré comme une civilisation, en s’arrêtant sur l’Homo sapiens. Cette partie couvre une période de plusieurs centaines de millions d’années jusqu’à dix mille ans avant J.- C.
Puis, dans Les Civilisations, il évoque les premières traces, les moments où une conjonction s’est opérée entre les aptitudes humaines et les phénomènes naturels. Une large place est faite aux cultures mésopotamiennes telles que Sumer, Babylone… à l’Égypte ancienne et aux sociétés méditerranéennes. Il s’intéresse également à l’Asie du sud, berceau de la Chine ancienne. La troisième partie traite de la Grèce, du monde hellénique, de Rome, du christianisme, vecteur d’une évolution marquante, de l’Inde et la Chine classiques.
L’auteur a souhaité éviter les détails pour mettre en valeur les processus historiques majeurs. Il retient ceux qui ont affecté une quantité considérable d’êtres humains et laissé un héritage substantiel aux générations futures comme l’écriture ou les grands fondements que furent les religions.
La première édition de ce monument date de 1976, mais John Roberts n’a cessé, jusqu’à sa mort en 2003, de réviser l’ouvrage. Il a, ainsi, intégré les connaissances et apports nouveaux dans cinq retouches. Pour la dernière, il a travaillé avec Odd Arne Westad, un historien norvégien, qui enseigne au London School of Economics. C’est celui-ci qui continue l’œuvre puisqu’il a fait des apports en 2007 et 2013. La présente édition, traduite pour ce tome par Jacques Bersani, est donc la plus récente, la plus à jour, à partir des dernières découvertes en matière d’archéologie et d’anthropologie
Une trentaine de cartes illustrent de façon très parlante les grandes démonstrations des auteurs. Avec Histoire du monde, les deux historiens racontent et décryptent les faits humains les plus saillants, liant les cultures et les espaces entre eux, les influences qui marquèrent lors de migrations, d’invasions.
Ce livre, une somme passionnante de connaissances traitées avec une hauteur de vue, une pertinence et un angle d’approche novateur, se lit comme un roman. C’est également une ouverture pour mieux saisir les enjeux du monde d’aujourd’hui.
serge perraud
John M. Roberts & Odd Arne Westad, Histoire du monde (The Penguin History of the World),tome 1, traduit de l’anglais par Jacques Bersani, Perrin, janvier 2016, 464 p. – 22,00 €.