Pour l’amour de Borgès : entretien avec l’artiste Laura Nillni

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Sou­vent un nou­veau pro­jet… Et faire le café.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Je les réalise.

A quoi avez-vous renoncé ?
À vivre dans la ville où je suis née.

D’où venez-vous ?
De Bue­nos Aires, de parents juifs polonais.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un cer­tain sens de l’humour, s’énerver trop faci­le­ment (et pas­ser de l’un à l’autre sans tran­si­tion). Par­ler fort.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Rire, beau­coup rire, en par­ti­cu­lier avec mon fils.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Je ne sais pas si cela me dis­tingue, mais je pense qu’un trait carac­té­ris­tique de mon tra­vail est la trans­ver­sa­lité. Je m’associe à d’autres dis­ci­plines dans le pro­ces­sus de créa­tion.
Aussi, comme je pri­vi­lé­gie l’idée au médium, je varie sou­vent les sup­ports.
J’aime beau­coup d’artistes qui font des choses très dif­fé­rentes. Les clas­si­fi­ca­tions m’intéressent très peu. En tout cas, elles n’interviennent pas dans mon appré­cia­tion d’une oeuvre.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Sol Le Witt, Jean Arp et “le Prin­temps” de Boti­celli, à parts égales

Et votre pre­mière lec­ture ?
Sans doute “Lit­tle Women”, de Louise May Alcott, étant très jeune, en ver­sion espa­gnole. Je refuse de dire le titre de la ver­sion fran­çaise qui me semble une aberration.

Pour­quoi votre atti­rance vers la trans­pa­rence ?
En grande par­tie influen­cée par la lec­ture de Borges. De son obses­sion de l’infini, des visions simul­ta­nées. Voir à tra­vers implique qu’il y a tou­jours autre chose …et encore autre chose derrière

Quelles musiques écoutez-vous ?
Le concerto pour cla­ri­nette de Mozart, les can­tates de Bach, “Cries of Lon­don” de Luciano Berio, Mil­ton Nas­ci­mento, les Beatles et, bien sûr, Ricardo Nillni

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Fic­tions” de Borges.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Plein. J’ai la larme facile. Mais pour l’émotion vraie, les plus récents c’est peut être la fin de “Wha­te­ver works” de Woody Allen, … la fin de “Frances Ha” de Noah Baum­bach. Et toutes les vieilles comé­dies musi­cales amé­ri­caines parce que la danse me fait pleurer.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi, tou­jours plus ou moins la même.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je crois que j’ai tou­jours osé… Par­fois ils ne m’ont pas répondu. Mais je n’ai pas été dotée de cette capa­cité d’admiration glo­bale (et inti­mi­dante) envers quelqu’un, qui que ce soit. J’admire la lit­té­ra­ture de Borges, pour don­ner un exemple, mais je n’ai jamais eu spé­cia­le­ment l’envie de le ren­con­trer. Lire ses livres me suf­fit. C’est valable pour tout le reste.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Paris.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche?
Bruno Munari, un grand “inca­sable”. Georges Perec : lui, j’aurais peut être aimé le ren­con­trer. Et Jorge Luis Borges, bien sûr.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
J’ai tou­jours aimé rece­voir des livres. Ça n’a pas changé.

Que défendez-vous ?
La culture et l’éducation pour tous.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je n’y crois pas une seconde.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
J’adhère profondément.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
On a peut-être fait le tour…

Entre­tien réa­lisé par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, février 2016.

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