Kathy Reichs, Meurtres au scalpel

Et si on arrê­tait de diss­sé­quer en vain pour aller se coucher ?

Ennuis au scal­pel

Comme l’éditeur se plaît à le sou­li­gner, Kathy Reichs sait de quoi elle parle quand elle se pro­nonce sur les cadavres en décom­po­si­tion plus ou moins avan­cée : ancienne anthro­po­logue légale, cette experte en enquêtes cri­mi­nelles est ensuite venue à l’écriture pour faire connaître son héroïne, Tem­pé­rance Bren­nan, alias Tempe, dont les exploits sont depuis peu nar­rés à la télé­vi­sion dans la série Bones. Il n’est pas sûr que cela vaille comme réfé­rence absolue…

Jadis archéo­logue, Tempe qui est appe­lée pour diri­ger un stage de fouilles sur des sépul­tures d’Indiens Sewees à Char­les­ton, en Caro­line du Sud, doit rapi­de­ment reve­nir à à ses com­pé­tences de pré­di­lec­tion une fois décou­vert un cadavre assez récent dans les strates du sol. Qui a l’originalité de com­por­ter une petite inci­sion au scal­pel sur une de ses ver­tèbres. Bien­tôt d’autres cadavres sont retrou­vés avec cette même carac­té­ris­tique…
Sur le papier, admet­tons. Mais que sur cette intrigue de départ tirant du côté du tra­fic d’organes, Kathy Reichs croie oppor­tun d’exposer les états d’âme de Tempe contrainte de loger avec Peter, son ex-mari avo­cat qui la séduit tou­jours, tan­dis qu’elle est cen­sée être amou­reuse de l’agent du FBI Ryan, c’est la mau­vaise idée édi­to­riale du moment. Et le lec­teur sombre rapi­de­ment dans l’ennui ; d’autant que l’écriture, très conven­tion­nelle n’a rien pour exal­ter les foules. Seules réveillent de la léthar­gie ambiante quelques séquences où l’on assiste au tra­vail de l’anthropologue légal, qui doit patiem­ment recons­ti­tuer pièce par pièce le puzzle ana­to­mique face à lui, jusqu’à ce qu’une image plus syn­thé­tique émerge de ces cadavres.

L
e reste de cette aven­ture inti­miste à outrance qui revient sur le passé de Bren­nan donne l’impression d’être aux confins d’un Arle­quin semi-noir. Devant tant d’originalité, on s’incline : allez, et si on arrê­tait de diss­sé­quer en vain pour aller se coucher ?

fre­de­ric grolleau

   
 

Kathy Reichs, Meurtres au scal­pel (tra­duit par Viviane Mikhal­kov), Robert Laf­font Coll. “Best-sellers”, mars 2008, 432 p. — 21,00 €.

 
     
 

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Filed under On jette !, Pôle noir / Thriller

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