C’est une biographie très intéressante que nous propose Pierre Branda. En effet, le personnage de Joséphine peut paraître secondaire dans la grande épopée de Napoléon. Que retenir de cette femme à la réputation frivole, évoluant dans l’ombre du grand homme dont on connaît la misogynie ? Pourtant, c’est un tout autre portrait que l’auteur trace de l’impératrice.
On découvre au fil des pages une femme qui s’intéresse à la politique et ne se contente pas de faire de la figuration. Sans être la Messaline que les ennemis autant que les thuriféraires de l’empereur ont volontiers décrite, elle n’en demeure pas moins une manœuvrière hors pair, notamment en ce qui concerne les questions d’argent. Elle a connu les geôles de la Terreur, tragique période qui lui apprit à survivre, puis joue les glorieuses pendant le Directoire où ses capacités sociales font merveille.
Autre apport de l’étude, la solidité du couple avant tout politique que Joséphine forme avec Bonaparte et son rôle dans le coup d’Etat de Brumaire. Passion forte mais en fait brève entre deux êtres qui comprirent vite ce qu’ils pouvaient tirer l’un de l’autre. Puis une affection mutuelle qui n’empêcha pas le divorce dû à l’impérieuse nécessité de donner un héritier à la couronne impériale.
Pendant cette difficile période, l’impératrice s’épuise à sauver son mariage – et surtout son trône – par tous les moyens. Survivre toujours. Mais cette fois-ci, la raison d’Etat est plus forte que la belle mais stérile Créole.
Joséphine a été une femme de son temps, un mélange d’aristocratisme et de Lumières (elle a été affiliée à la franc-maçonnerie). Elle aurait donc pu être et dû être l’étoile brillante du premier Empire. Mais c’est sans compter sur la misogynie de son époux – Corse et fils lui aussi des Lumières – et sur cette malheureuse stérilité qui condamna son mariage.
A méditer…
frederic le moal
Pierre Branda, Joséphine. Le paradoxe du cygne, Paris, Perrin, janvier 2015, 464 p. — 24,50 €.