Maryline Desbiolles, Ecrits pour voir

 L’art comme la lit­té­ra­ture est une bataille

« Le tableau a une et même plu­sieurs lon­gueurs d’avance » sur l’écriture car « il ne demande rien à per­sonne et crève les yeux » écrit Mary­line Des­biolles. Ce qui n’empêche pas au dis­cours sur la pein­ture de se pour­suivre. L’auteure le prouve à tra­vers une suite de textes hété­ro­clites réunies sous le titre Ecrits pour voir.
L’artiste revient sur ses fon­da­men­taux pic­tu­raux : la Renais­sance Ita­lienne et les peintres de la Tos­cane, Val­lo­ton pour ce qui s’agit de l’histoire, Mal­aval, Chais­sac et bien sûr Ber­nard Pagès pour le temps pré­sent. Mais la per­for­mance n’est pas oubliée même si chez l’artiste elle prend un nou­veau sens (avec au pas­sage un salut aux Pussy Riots). L’auteure pro­pose une syn­thèse de ce que ramasse Rober Fillou dans une de ses for­mules : « l’art est ce qui rend la vie plus inté­res­sante que l’art ».


Le livre devient pour Mary­line Des­biolles l’opportunité de creu­ser un sillon dans l’art sans jamais perdre l’opportunité de déve­lop­per son écri­ture. L’art comme la lit­té­ra­ture est une bataille. Une fois celle-ci ter­mi­née, vient le temps des constats afin de voir non seule­ment si le com­bat a été dif­fi­cile mais s’il ouvre à des vic­toires. L’auteure, pour réus­sir, uti­lise la flui­dité et évite les pen­sums théo­riques. Ses textes sont à la fois spon­ta­nés mais aussi rete­nus : d’un côté l’instantané, de l’autre l’éternité. A l’ombre de Ber­nard Pagès, la lumière des mots jette un amon­cel­le­ment de pen­sées et d’émotions en diverses couches. Dans ce pro­ces­sus l’une amène à la sui­vante et ainsi de suite.
Au besoin, Mary­line Des­biolles sait don­ner des détails pré­cis de l’existence pour tra­duire sa propre réa­lité afin de mieux péné­trer à l’intérieur des œuvres en un jeu des mul­tiples com­bi­nai­sons pos­sibles. La créa­trice sait appuyer sur les contrastes lorsqu’il le faut. Quoique hybrides, les textes per­mettent de péné­trer dans uni­vers à la fois intime et géné­ral. Si bien que chaque texte devient la chry­sa­lide pour que le papillon qu’on appelle pein­ture jaillisse au sein de pro­po­si­tions lit­té­raires pré­cieuses et lumi­neuses. Elles res­tent une forme ouverte aux interprétations.

jean-paul gavard-perret

Mary­line Des­biolles, Ecrits pour voir, L’Atelier contem­po­rain, 2016, 220 p. — 20,00 €.

1 Comment

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One Response to Maryline Desbiolles, Ecrits pour voir

  1. Villeneuve

    Le cri­tique d’art JPGP a une et même plu­sieurs lon­gueurs d’avance sur l’œuvre car il ne demande rien à per­sonne et ouvre les yeux du poten­tiel regar­deur ou liseur .

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