Par ses récits et ses compilations photographiques et filmiques, l’artiste prouve que sans l’image le monde est obscur. A la recherche les lieux où les images se déploient (ou plutôt et souvent se déployaient), afin que se tissent la joie, le chagrin, la tendresse et la perte, l’artiste rameute le passé dans sa poétique de la ruine.
Dans son livre Lux, Rex & Corso, il entame une lutte contre la disparition des salles de cinéma, ces demeures de l’imaginaire qui le reproduisent dans le temps. Les récits du Genevois tracent en termes de durée ce qui est dessiné en termes d’espace. De telles œuvres font voir le monde selon un angle particulier et assurent la permanence d’une telle vue. Il faut donc parler de l’enrobement narratif du monde dans le corps d’images qui deviennent la continuité du vivant tant que ses traces ne sont pas encore effacées.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Hélas ! pour moi, je me lève de plus en plus tard.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Des rêves toujours !
A quoi avez-vous renoncé ?
A être autre chose que moi-même.
D’où venez-vous ?
De la révolte permanente.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Découvrir une nouvelle salle de cinéma.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
En suis-je un ?
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Une femme nue.
Et votre première lecture ?
Babar, Bécassine
Pourquoi votre attirance pour la photo de mémoire collective?
Voir le passé disparaître m’est insupportable…
Quelles musiques écoutez-vous ?
Schubert, Mozart et d’autres…
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Théresa l’après midi” de Juan Marsé
Quel film vous fait pleurer ?
Les comédies françaises.… Particulièrement vulgaires.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Le temps qui passe et me dépasse.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
La liste serait trop longue.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La Havane.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Gainsbourg, les frères Coen, Woody Allen.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un an de moins.
Que défendez-vous ?
La tolérance.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Est-ce bien raisonnable ?
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?
Il a raison.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
La réponse est non, mais quelle était la question ?
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 10 janvier 2016.