Simon Edelstein et la recherche du temps perdu : entretien avec l’artiste

Par ses récits et ses com­pi­la­tions pho­to­gra­phiques et fil­miques, l’artiste prouve que sans l’image le monde est obs­cur. A la recherche les lieux où les images se déploient (ou plu­tôt et sou­vent se déployaient), afin que se tissent la joie, le cha­grin, la ten­dresse et la perte, l’artiste rameute le passé dans sa poé­tique de la ruine.
Dans son livre Lux, Rex & Corso, il entame une lutte contre la dis­pa­ri­tion des salles de cinéma, ces demeures de l’imaginaire qui le repro­duisent dans le temps. Les récits du Gene­vois tracent en termes de durée ce qui est des­siné en termes d’espace. De telles œuvres font voir le monde selon un angle par­ti­cu­lier et assurent la per­ma­nence d’une telle vue. Il faut donc par­ler de l’enrobement nar­ra­tif du monde dans le corps d’images qui deviennent la conti­nuité du vivant tant que ses traces ne sont pas encore effacées.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Hélas ! pour moi, je me lève de plus en plus tard.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Des rêves toujours !

A quoi avez-vous renoncé ?
A être autre chose que moi-même.

D’où venez-vous ?
De la révolte permanente.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Décou­vrir une nou­velle salle de cinéma.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
En suis-je un ?

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Une femme nue.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Babar, Bécassine

Pour­quoi votre atti­rance pour la photo de mémoire col­lec­tive?
Voir le passé dis­pa­raître m’est insupportable…

Quelles musiques écoutez-vous ?
Schu­bert, Mozart et d’autres…

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Thé­resa l’après midi” de Juan Marsé

Quel film vous fait pleu­rer ?
Les comé­dies fran­çaises.… Par­ti­cu­liè­re­ment vulgaires.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Le temps qui passe et me dépasse.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
La liste serait trop longue.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La Havane.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Gains­bourg, les frères Coen, Woody Allen.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un an de moins.

Que défendez-vous ?
La tolérance.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Est-ce bien raisonnable ?

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?
Il a raison.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
La réponse est non, mais quelle était la question ?

Entre­tien et pré­sen­ta­tion réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 10 jan­vier 2016.

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