Roméo Castellucci, L’Orestie (une comédie organique?) / Eschyle

Une esthé­ti­sa­tion de l’expérience dra­ma­tique  réus­sie mais limitée 

Il y a quelque chose qui hurle ; des plaintes émergent dans un gron­de­ment, des bruits d’orage fré­quem­ment se font entendre. La scène est der­rière un voile qui en rend l’écho loin­tain. Nous sommes situés dans un monde de vio­lence en proie à une satu­ra­tion sonore. Un per­son­nage s’exprime sur le ton de la pro­fé­ra­tion pro­phé­tique. La tra­gé­die des des­cen­dants d’Oreste est pré­sen­tée dans sa ver­sion post­mo­derne, nour­rie de ten­sions, de scan­sions et de lésions sou­li­gnant la vio­lence du pro­pos. On assiste à une machi­na­tion dont les êtres sont expli­ci­te­ment les objets : la machi­ne­rie pré­sen­tée devient rapi­de­ment une machine infer­nale. Sur le lit de la vio­lence paraît s’instaurer le pouvoir.

Le spec­tacle est fort, mais mono­li­thique ; il mul­ti­plie les déve­lop­pe­ments sans se régé­né­rer. Il pro­cède de la décli­nai­son d’un prin­cipe, lequel risque d’être épuisé par sa propre mons­tra­tion. La démarche est puis­sante, en vertu de sa construc­tion, mais redon­dante, par les moda­li­tés de sa repré­sen­ta­tion. Est-ce parce qu’il s’agit d’une reprise ? Le pro­pos paraît d’emblée gros de sa signi­fi­ca­tion ; il se déploie avec fer­veur mais sans élan, man­quant de la verve invo­ca­trice des pro­duc­tions de Roméo Cas­tel­luci. Il en résulte une esthé­ti­sa­tion de l’expérience dra­ma­tique qui appa­raît réus­sie mais limi­tée par sa propre teneur d’exhibition à voca­tion méta­phy­sique, parce qu’elle n’a pas suf­fi­sam­ment varié et déployé sa composition.

chris­tophe giolito

Roméo Cas­tel­lucci, L’Orestie (une comé­die orga­nique ?) d’après Eschyle

Mise en scène, décors, lumière, cos­tumes : Romeo Castellucci

Musique : Scott Gib­bons Assis­tant à la créa­tion lumière : Marco Giusti

Auto­ma­ti­sa­tions : Gio­vanna Amo­roso, Ist­van Zimmermann

Direc­tion de la construc­tion des décors : Mas­si­mi­liano Scuto, Mas­si­mi­liano Peyrone.

 

ODÉON-THÉÂTRE DE L’EUROPE / THÉÂTRE DE L’ODÉON 75006 PARIS Durée esti­mée : 2h30

Du mer­credi 2 au dimanche 20 décembre 2015, du mardi au samedi 20h, Dimanche 15h.

L’APOSTROPHE / THÉÂTRE DES LOUVRAIS-PONTOISE Ven­dredi 8 et samedi 9 jan­vier 20h30.

Copro­duc­tion Odéon­Théâtre de l’Europe ; Fes­ti­val d’Automne à Paris ; MC2 Gre­noble ; Céles­tins – Théâtre de Lyon ; Théâtre Nou­velle Géné­ra­tion – Centre dra­ma­tique natio­nal de Lyon ; La rose des vents – Scène natio­nale Lille Métro­pole à Vil­le­neuve d’Ascq ; Maillon Théâtre de Stras­bourg – Scène euro­péenne ; Romaeu­ropa Fes­ti­val ; Théâtre Natio­nal de Tou­louse Midi-Pyrénées, avec le théâtre Garonne – Scène euro­péenne (Tou­louse) // Coréa­li­sa­tion Odéon-Théâtre de l’Europe ; Fes­ti­val d’Automne à Paris (pour les repré­sen­ta­tions du 2 au 20 décembre) // Spec­tacle crée le 6 avril 1995 au Tea­tro Fab­bri­cone, Prato.

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