Entretien avec Belinda Cannone, (Le prix du Petit Gaillon)

En même temps que nouis évo­quions le Gon­court, nous vous par­lions du Petit Gaillon. Le moment est venu d’en savoir plus sur ce prix

 

D’un côté, le Drouant, de l’autre, Le Petit Gaillon… une confron­ta­tion qui n’a rien à voir avec un Com­bat des chefs bri­guant telle ou telle dis­tinc­tion hau­te­ment gas­tro­no­mique. Non : le face à face, tout bon­ne­ment géo­gra­phique précisons-le, est d’ordre cultu­rel. D’un côté, donc, l’aura du Gon­court — le plus prisé peut-être des prix lit­té­raires fran­çais — et de l’autre, le Prix du Petit Gaillon, toute jeune récom­pense — seule­ment trois ans d’âge — qui se veut mili­tante en cela qu’elle vise à pro­mou­voir l’édition indé­pen­dante. Né des flammes, ce prix a quelque chose du Phé­nix. Il tient aussi d’un autre ani­mal fabu­leux que peu de gens connaissent…
Mais fi de tant de mys­tères ! écou­tons plu­tôt Belinda Can­none, roman­cière et essayiste, comp­tant parmi les défen­seurs les plus ardents de la “petite édi­tion”, nous racon­ter la genèse de ce prix et de l’association qui a vu le jour dans son sillage.
Quel meilleur guide en effet que la pré­si­dente du jury en personne ?…

 

Pourriez-vous retra­cer l’histoire de ce prix ?
Belinda Can­none
Le prix est né en 2002, à la suite de l’incendie qui rava­gea l’entrepôt des Belles Lettres — incen­die qui détrui­sit des mil­lions de livres, parmi les­quels la pro­duc­tion d’une cin­quan­taine de petits édi­teurs qui n’étaient pas assu­rés. Cette catas­trophe généra de nom­breuses ini­tia­tives de sou­tien, notam­ment de la part de l’association Héli­kon qui orga­nisa une vente de tableaux cédés par plu­sieurs peintres et dont les recettes furent rever­sées à ces petits édi­teurs. Et l’un d’entre eux, Jacques Damade — qui se trouve aussi être un de mes amis — a eu l’idée de créer un prix lit­té­raire. D’autres per­sonnes se sont asso­ciées à ce pro­jet — Patri­cia Menay, de la librai­rie Anima, rue Ravi­gnan, très enga­gée dans la défense et la pro­mo­tion de l’édition indé­pen­dante ; Mar­lène Soréda, écri­vain ; Jean-François Feuillette, psy­cha­na­lyste et membre de l’association Texte et Voix, qui s’occupe de faire lire par des comé­diens des œuvres contem­po­raines ; Farid Che­noune, chro­ni­queur et essayiste ; Sté­phan Huynh Tan, écri­vain ; Chris­tian Dou­met, poète et essayiste… et c’est ainsi qu’un groupe d’amis s’est consti­tué pour mettre en place cette récom­pense qui devait sou­te­nir les vic­times de l’incendie. Mais nous n’avions aucun moyen finan­cier… et l’on a alors trouvé un res­tau­rant qui était prêt à nous don­ner le mon­tant du prix — à savoir 15 000 francs, somme qui devait être par­ta­gée à parts égales entre l’auteur lau­réat et son édi­teur. Coïn­ci­dence amu­sante : ce res­tau­rant, Le Petit Gaillon, était situé juste en face du fameux Drouant [le res­tau­rant où est décerné le prix Gon­court — Ndr], dans la même rue ! Cela nous a donné l’idée d’adresser un clin d’œil au Gon­court et on a décidé de remettre notre prix le même jour, mais une heure avant.
Le pre­mier livre que nous avons récom­pensé a été Tom­beau de l’éléphant d’Asie, de Gérard Bus­quet et Jean-Marie Javron, publié par Fran­çois Chan­deigne. Un livre éton­nant, remar­qua­ble­ment écrit et de fabri­ca­tion superbe qui, conçu sur le modèle du dic­tion­naire, avec une suc­ces­sion d’entrées, recense tout ce que l’on sait depuis l’Antiquité sur l’éléphant d’Asie.
Mais un prix, pour béné­fique qu’il soit, reste un évé­ne­ment ponc­tuel ; et bien que nous ayons décidé de recon­duire cette récom­pense l’année sui­vante, nous savions que la “petite édi­tion” avait besoin d’un sou­tien constant, tout au long de l’année. Quelques membres du jury se sont donc regrou­pés pour fon­der une asso­cia­tion, L’Animal de Pline, dont l’objet est de pro­mou­voir les édi­teurs indé­pen­dants — c’est-à-dire ceux qui n’appartiennent à aucun grand groupe et fonc­tionnent sou­vent à par­tir de fonds per­son­nels — en orga­ni­sant des lec­tures, des petites fêtes cen­trées sur des livres qui sortent, des ren­contres convi­viales avec les auteurs… etc. Par exemple, tout récem­ment, nous avons orga­nisé chez un peintre que nous aimons beau­coup une soi­rée “huîtres” autour du livre que Pierre Lar­tigue a publié juste avant Rrose Sélavy… et cætera [lau­réat 2004 du prix du Petit Gaillon — Ndr]. Vous voyez donc que notre sou­tien se mani­feste bien en dehors du prix — et de manière assez joyeuse…

 

Quel nom étrange que celui-là… d’où vient donc cet “ani­mal de Pline” ?
Lorsqu’il nous a fallu choi­sir un nom pour notre asso­cia­tion, Jacques Damade venait de publier la tra­duc­tion d’un texte de Pline l’Ancien sur les ani­maux, dans lequel il est ques­tion d’un ani­mal fabu­leux appelé le cato­blé­pas — un ani­mal très curieux, dont la tête est si grosse qu’elle pend jusqu’au sol et qu’il ne peut la rele­ver — tant mieux nous dit Pline parce que sinon, il fou­droie­rait du regard tous ceux sur qui il pose­rait les yeux… C’était extrê­me­ment ten­tant d’appeler notre asso­cia­tion le Cato­blé­pas ! mais ce nom était quand même trop mys­té­rieux et l’un de nous a sug­géré de le rem­pla­cer par une péri­phrase, “l’animal de Pline”. Nous avons trouvé l’idée très bonne et nous nous en sommes donc tenus à cette appel­la­tion. Dans l’année qui a suivi, nous avons fusionné avec l’association Héli­kon, d’où le nom que nous arbo­rons aujourd’hui — L’Animal de Pline-Hélikon — un peu trop long et qui va cer­tai­ne­ment chan­ger à brève échéance.
Héli­kon existe déjà depuis pas mal de temps, publie une revue, et remet chaque année un prix de poé­sie à l’occasion du Mar­ché de la poé­sie [au mois de juin, place saint Sul­pice à Paris — Ndr]. Du fait de la fusion des deux asso­cia­tions, notre struc­ture a forci, la revue prend de l’ampleur… et nos actions en faveur des édi­teurs indé­pen­dants béné­fi­cient bien entendu de cette union des éner­gies : elles se mul­ti­plient et gagnent en importance. 

 

Qui sont les membres de votre asso­cia­tion ? Les édi­teurs eux-mêmes, les auteurs ?
Non, ce sont essen­tiel­le­ment des par­ti­cu­liers. Je ne suis d’ailleurs pas sûre qu’il y ait tant d’éditeurs que cela dans les rangs de nos membres… Pour adhé­rer, il suf­fit de s’acquitter d’une coti­sa­tion annuelle de 15 euros, en échange de quoi on est abonné à la revue et accueilli dans toutes nos manifestations.

 

Com­ment est consti­tué le jury ?
Comme je vous l’expliquais au début, nous étions d’abord un groupe d’amis. Puis il y a eu des départs — mais en géné­ral, ceux qui quittent le jury conti­nuent, d’une manière ou d’une autre, de gra­vi­ter autour du prix du Petit Gaillon. Par exemple Patri­cia Menay ne par­ti­cipe plus aux sélec­tions, mais elle est tré­so­rière de l’association et sa librai­rie est tou­jours notre “base” : c’est là que sont récep­tion­nés les livres que les édi­teurs nous envoient.
On s’efforce de com­bler les places lais­sées vacantes par les départs de manière à ce que le jury compte tou­jours une dizaine de membres. Nous avions envi­sagé d’aller jusqu’à treize ou qua­torze jurés, mais cela alour­dis­sait trop la ges­tion. En nous en tenant à dix membres, nous évi­tons ces pro­blèmes tout en ayant, lors des déli­bé­ra­tions, des avis suf­fi­sam­ment variés. Cette année, de nou­veaux jurés — Noëlle Aude­jean, écri­vain, Anne Serre, écri­vain, et Éric Wal­becq, biblio­thé­caire - ont rejoint ceux de la pre­mière heure - Farid Che­noune, Jean-François Feuillette, Sté­phan Huynh Tan, Jacques Damade, Chris­tian Dou­met et moi-même. 
Les nou­veaux jurés nous sont tou­jours pré­sen­tés par l’un des membres res­tants du jury, qui nous explique pour­quoi selon lui telle can­di­da­ture est inté­res­sante. Mais ça reste très infor­mel ; en fait, outre les com­pé­tences lit­té­raires propres à cha­cun, il importe sur­tout que le groupe fonc­tionne bien et que l’on soit heu­reux de tra­vailler ensemble, réunis par ce plai­sir de lire et de par­ler des livres. En ce moment, le jury doit comp­ter sept ou huit membres, nous devons donc recru­ter deux ou trois per­sonnes sus­cep­tibles de prendre part à nos travaux.

 

Les débats pour l’attribution du prix 2004 ont-ils été âpres ?
Oui ! et nous avons eu beau­coup de mal à dépar­ta­ger les cinq titres qui étaient encore en lice lors de l’ultime déli­bé­ra­tion… nous avons fini par nous accor­der sur le livre de Pierre Lar­tigue, mais celui de Valé­rie Tord­j­man, La Por­no­gra­phie de l’âme, le talon­nait de très près. Il y avait aussi un très beau texte d’un tout jeune auteur, Antoine Mou­ton, Au nord tes parents, que nous n’avons pas élu à cause de son tout petit for­mat qui était celui d’une nou­velle — une tren­taine de pages. Les dis­cus­sions ont donc été très ser­rées, d’autant que l’élection d’un livre sou­le­vait aussi la ques­tion de savoir s’il fal­lait pri­vi­lé­gier un auteur reconnu et cou­ron­ner, au-delà du livre qu’il venait de publier, l’ensemble de son œuvre ou au contraire pré­fé­rer un jeune auteur, et lui assu­rer une pro­mo­tion d’encouragement… Il est tou­jours très dif­fi­cile de choi­sir, de tran­cher… à tel point que l’an der­nier, nous avons élu deux lau­réats ex æquoContes de fées, de E. E. Cum­mings aux édi­tions Clé­mence Hiver, et Le Cime­tière amé­ri­cain, de Thierry Hesse, aux édi­tions Champ Val­lon (qui a été récom­pensé quelques mois plus tard par un prix suisse très pres­ti­gieux).
Mais quelles que soient les dif­fi­cul­tés du choix final, c’est tou­jours le plai­sir de la lec­ture et celui de nous réunir pour par­ler des livres qu’on a lus qui pré­vaut. C’est un extra­or­di­naire exer­cice de lec­ture que de devoir expli­quer aux autres jurés pour­quoi on a aimé tel ou tel livre, puis d’écouter à son tour ce que les autres ont à dire sur les ouvrages qu’ils ont lus. Les dis­cus­sions sont par­fois très vives, et les avis très divers, mais une cer­taine “vérité” finit tou­jours par émer­ger. C’est un phé­no­mène assez mys­té­rieux que cette dyna­mique de groupe : entendre quelqu’un par­ler d’un livre sur lequel on ne s’était pas arrêté d’abord amène sou­vent à relire celui-ci d’un œil neuf ; ce tra­vail col­lec­tif per­met de res­ter vigi­lant et ouvert à la remise en cause d’une impres­sion pre­mière - car la lec­ture, c’est un peu le sis­mo­graphe de nos états inté­rieurs, et notre regard change en fonc­tion de ces der­niers. Il faut donc être très pru­dent dans ses appré­cia­tions. En tout cas, c’est tou­jours l’enthousiasme et le pur plai­sir de la lec­ture qui déter­minent les choix ultimes.

 

À consi­dé­rer votre pal­ma­rès, tous types de livres, y com­pris les tra­duc­tions, semblent pou­voir pré­tendre au prix…
Oui, abso­lu­ment. Une petite réserve tou­te­fois à pro­pos de la poé­sie : depuis notre fusion avec l’association Héli­kon, nous deman­dons aux édi­teurs de ne plus nous envoyer de recueils de poé­sie du fait que le prix Héli­kon conti­nue d’être attri­bué. La poé­sie ayant ainsi sa récom­pense propre à l’intérieur de notre struc­ture, nous pré­fé­rons pri­vi­lé­gier les autres formes lit­té­raires dans nos sélec­tions pour le prix du Petit Gaillon. 

 

La pré­pa­ra­tion du prix demande-t-elle beau­coup de réunions ?
Ce n’est pas fixé à l’avance. Ça dépend du nombre de livres que nous rece­vons, mais aussi des mou­ve­ments internes au sein du jury… par exemple, cette année, de nou­veaux jurés ont été accueillis, il a fallu élire un pré­sident — autant d’opérations qui ont exigé des réunions sup­plé­men­taires. Nos tra­vaux ont donc débuté très tôt dans l’année, aux mois de mars avril. C’est aussi à cette période que l’on a com­mencé à contac­ter par cour­rier tous les édi­teurs dont nous avions les coor­don­nées pour leur signa­ler qu’ils pou­vaient d’ores et déjà nous faire par­ve­nir les titres qu’ils sou­hai­taient pro­po­ser. Cette année, nous nous étions réparti le tra­vail de la façon sui­vante : chaque membre du jury était chargé de contac­ter une dizaine d’éditeurs et de lire leurs livres. Nous nous sommes réunis deux fois avant l’été, mais ne sommes vrai­ment entrés “dans le feu de l’action” qu’en sep­tembre. D’ailleurs, la plu­part des édi­teurs ne nous envoient leurs livres qu’à ce moment-là et tout se passe sur un laps de temps très court pen­dant lequel l’effort de lec­ture est consi­dé­rable pour cha­cun de nous. Ensuite, il y a eu trois ou quatre réunions à la ren­trée, qui se sont dérou­lées assez rapi­de­ment puisque le gros du tra­vail — à savoir la lec­ture — avait été effec­tué en amont.

 

Quelles condi­tions doit rem­plir un édi­teur pour poser sa can­di­da­ture au prix ?
Tout d’abord il doit être indé­pen­dant ! et notre prin­ci­pale dif­fi­culté est là : nous ne savons pas exac­te­ment com­bien il y a d’éditeurs indé­pen­dants ni où ils sont… Quand nous avons voulu recen­ser tous les édi­teurs sus­cep­tibles d’être récom­pen­sés par le prix, ou que nous avons songé, pour le der­nier Salon du livre de Paris, à orga­ni­ser un stand qui aurait regroupé l’ensemble des édi­teurs indé­pen­dants… eh bien ils nous a été impos­sible de contac­ter tout le monde ! et puis il n’existe aucun moyen infaillible de déter­mi­ner si un édi­teur est réel­le­ment indé­pen­dant : beau­coup de “petits édi­teurs”, même s’ils gardent leur liberté et leur spé­ci­fi­cité intel­lec­tuelles, dépendent en fait de grosses struc­tures — et ne sont donc plus nos inter­lo­cu­teurs. Car notre objec­tif demeure d’aider ceux qui sont vrai­ment tout seuls ! cela dit, nous ne déses­pé­rons pas et avons com­mencé à éta­blir un fichier — et je pro­fite de cette inter­view pour lan­cer un appel à tous les édi­teurs indé­pen­dants qui liraient cet article : qu’ils se mani­festent à nous, qu’ils nous com­mu­niquent leurs coor­don­nées et sur­tout qu’ils nous envoient des livres — dès le prin­temps si pos­sible ! Nous ne deman­dons que trois exem­plaires par titre, nous pou­vons même nous conten­ter de deux exem­plaires si l’éditeur a vrai­ment trop peu de moyens — nous nous débrouille­rons tou­jours pour faire cir­cu­ler le livre.

 

Y a-t-il déjà un calen­drier éta­bli pour la pré­pa­ra­tion de l’édition 2005 ?
Plus ou moins… nous nous réunis­sons le 8 décembre pro­chain pour “débrie­fer” l’édition 2004, puis nous en pro­fi­te­rons sans doute pour élire un nou­veau pré­sident du jury et défi­nir le mode de fonc­tion­ne­ment pour la pro­chaine édi­tion. Il nous fau­dra aussi recru­ter deux ou trois jurés sup­plé­men­taires. Ensuite, pour le Petit Gaillon, ce sera assez calme jusqu’au prin­temps. Mais l’association, elle, conti­nue bien entendu son acti­vité tout au long de l’année avec toute une série de mani­fes­ta­tions, au nombre des­quelles je cite­rai une soi­rée pré­vue en jan­vier qui réunira les édi­teurs dont les stocks avaient été détruits il y a trois ans et qui ont reçu de nous une sub­ven­tion pour réédi­ter un titre. J’ajouterai, pour ter­mi­ner, que notre asso­cia­tion reste ouverte à toutes les idées d’action en faveur de l’édition indé­pen­dante qui pour­raient lui être sug­gé­rées !

 

Belinda Can­none est l’auteur, entre autres, de Lent Delta, un roman publié en 1998 aux édi­tions Ver­ti­claes, et de L’écriture du désir, un essai publié dans la col­lec­tion “Petite biblio­thèque” de chez Calmann-Lévy en 2000. 
Son pro­chain livre, Le Sen­ti­ment d’imposture, paraî­tra en février 2005, éga­le­ment chez Calmann-Lévy.

 

Pour contac­ter l’association L’Animal de Pline-Hélikon, vous pou­vez adrs­ser un cour­rier à l’adresse sui­vante :
3, rue Joseph de Maistre
75019 PARIS
ou bien contac­ter Jean-François Feuillette :
Tel : 01 53 69 09 09
E-mail : jean.feuillette@wanadoo.fr

 

     
 

Pro­pos recueillis par isa­belle roche le 1er décembre 2004.

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