Un seul être vous manque et…
Susan essaie de refaire sa vie, recluse dans un petit village de la campagne anglaise. Responsable d’un infanticide, elle a endossé une nouvelle identité après avoir purgé trois ans de prison. Elle ne garde aucun souvenir du drame, mais une enveloppe glissée sous sa porte va l’obliger à y faire face à nouveau. Dans cette enveloppe, une photo. Au dos de cette photo, un nom : Dylan. Le nom de son fils décédé. Comment est-ce possible ? Dylan serait-il en vie ? Ou quelqu’un s’amuserait-il avec la santé mentale de Susan ? Voudrait-on lui faire payer ses erreurs passées et la faire à nouveau interner ?
Susan est prête à tout pour lever le voile sur cette cruelle page de son histoire personnelle, quitte à y perdre la raison, ou peut-être la vie…
Thriller est bien un mot anglais, et cette nouvelle venue sur la scène policière, en maîtrise déjà toutes les ficelles. Membre de la Crime Writers Association,Jenny Blackhurst aborde dans ce premier roman un thème loin d’être facile, un infanticide. Comment vivre avec la certitude d’avoir tué son propre enfant ? Comment gérer cette culpabilité au quotidien et retrouver un semblant de vie normale ? Et surtout comment obtenir le pardon de ses proches et arriver à se pardonner ?
Tant de questions que l’auteure aborde avec une subtilité rare, sans hésiter à bouleverser certains codes de notre société moralisatrice. Son personnage principal, Susan, est au bord du gouffre au début du roman, et sa quête de la vérité va l’amener à revivre, et à se trouver de nouveaux buts dans l’existence. Elles est épaulée par une amie rencontrée en prison et un mystérieux journaliste, dont le soutien s’avérera précieux, mais aussi dangereux. La romancière veut nous amener à douter de la véracité des investigations menées par Susan, et elle nous entraîne dans une machination aux ressorts diaboliques.
Il sera très difficile au lecteur, même au plus aguerri, de déméler toutes les ficelles de l’intrigue. L’opiniâtreté et le courage de l’héroïne ne laissera personne indifférent, et Jenny Blackhurst fait d’un sujet difficile un roman réussi qui mérite de figurer très vite dans les meilleurs best-sellers.
franck boussard
Jenny Blackhurst, Une cruelle absence, Belfond Noir, 2015, 394 p. — 20,50 €.