Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
A la fois la pensée que chaque journée est unique — qu’elle ne compte que 24 heures et qu’elle nous rapproche un peu plus de la fin — et au-delà de ce que j’ai à faire, les gens que j’aime.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je crois ne jamais avoir été enfant, et n‘ai pas de souvenir de rêves depuis mes 20 ans.
A quoi avez-vous renoncé ?
A vouloir donner du sens à chaque action — d’être humainement meilleur.
D’où venez-vous ?
Difficile à dire, j’ai des origines qui voient se croiser, la Bohème, l’Afrique du Nord, la Catalogne, pour faire simple et plus certainement de l’est de la France.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
La rhétorique et l’Art du questionnement, la curiosité, l’opiniâtreté, tout ce qui me porte vers l’autre.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
M’endormir au chaud contre le corps de ma femme.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Envie de dire rien, ou tout, ou juste mon histoire et le rapport que j’entretiens avec le langage, le fait d’être bègue
Quelle est la première image qui vous interpella ?
C’était dans un film, avec Buster Keaton dans la Maison Démontable je crois.
Et votre première lecture ?
A tout âge, on est confronté à une première lecture en ce sens qu’elle est fondatrice — à treize ans alors, Voyage au Bout de la Nuit donné par mon grand-père.
Pourquoi votre attirances vers “l’infra-sens” tant dans vos textes que vos images ?
Je ne sais pas, peut-être juste l’envie de ne pas avoir un geste trop grossier — l’impression de dire ou d’en faire toujours trop, besoin d’épure ou d’évocation — le fait de regarder les choses à ma place, d’en bas.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Je n’écoute jamais de musique, je mets constamment des disques, je vis et je travaille en permanence avec de la musique que je n’écoute pas, toutes sortes de musiques, disons plutôt du rock.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“L’homme Assis Dans le Couloir” de Marguerite Duras.
Quel film vous fait pleurer ?
Plusieurs, “La Ligne Rouge d“e Terence Malick, “Trust Me” d’Hal Hartley, “La Nuit du Chasseur” de Laughton.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ? U
n homme de peu d’épaisseur et vieillissant.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mon fils
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La grotte de Domme, les grottes en général.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Gina Pane / Robert Filioux / Dennis Oppenheim / Lawrence Ferlinghetty / Christophe Manon / Francesca Woodman.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
La santé.
Que défendez-vous ?
L’idée qu’il n’y a aucune hiérarchie à faire dans le vivant et que l’homme n’y est pas une priorité.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Un bon mot — un mot d’esprit sans intérêt, comme tous les cyniques qui ‘’pèchent’’ par manque de générosité — de sincérité aussi.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Pas grand chose ou pareil que la précédente.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
A la vue d’un carré, avez-vous une préférence pour l’un de ses côtés ?
Entretien réalisé par jean –paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 17 décembre 2015.