Un homme assis dans le couloir : interview de l’écrivain Manuel Daull

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
A la fois la pen­sée que chaque jour­née est unique — qu’elle ne compte que 24 heures et qu’elle nous rap­proche un peu plus de la fin — et au-delà de ce que j’ai à faire, les gens que j’aime.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Je crois ne jamais avoir été enfant, et n‘ai pas de sou­ve­nir de rêves depuis mes 20 ans.

A quoi avez-vous renoncé ?
A vou­loir don­ner du sens à chaque action — d’être humai­ne­ment meilleur.

D’où venez-vous ?
Dif­fi­cile à dire, j’ai des ori­gines qui voient se croi­ser, la Bohème, l’Afrique du Nord, la Cata­logne, pour faire simple et plus cer­tai­ne­ment de l’est de la France.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
La rhé­to­rique et l’Art du ques­tion­ne­ment, la curio­sité, l’opiniâtreté, tout ce qui me porte vers l’autre.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
M’endormir au chaud contre le corps de ma femme.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres écri­vains ?
Envie de dire rien, ou tout, ou juste mon his­toire et le rap­port que j’entretiens avec le lan­gage, le fait d’être bègue

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
C’était dans un film, avec Bus­ter Kea­ton dans la Mai­son Démon­table je crois.

Et votre pre­mière lec­ture ?
A tout âge, on est confronté à une pre­mière lec­ture en ce sens qu’elle est fon­da­trice — à treize ans alors, Voyage au Bout de la Nuit donné par mon grand-père.

Pour­quoi votre atti­rances vers “l’infra-sens” tant dans vos textes que vos images ?
Je ne sais pas, peut-être juste l’envie de ne pas avoir un geste trop gros­sier — l’impression de dire ou d’en faire tou­jours trop, besoin d’épure ou d’évocation — le fait de regar­der les choses à ma place, d’en bas.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Je n’écoute jamais de musique, je mets constam­ment des disques, je vis et je tra­vaille en per­ma­nence avec de la musique que je n’écoute pas, toutes sortes de musiques, disons plu­tôt du rock.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“L’homme Assis Dans le Cou­loir” de Mar­gue­rite Duras.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Plu­sieurs, “La Ligne Rouge d“e Terence Malick, “Trust Me”  d’Hal Hart­ley, “La Nuit du Chas­seur” de Laughton.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ? U
n homme de peu d’épaisseur et vieillissant.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A mon fils

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La grotte de Domme, les grottes en général.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Gina Pane / Robert Filioux / Den­nis Oppen­heim / Law­rence Fer­lin­ghetty / Chris­tophe Manon / Fran­cesca Woodman.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
La santé.

Que défendez-vous ?
L’idée qu’il n’y a aucune hié­rar­chie à faire dans le vivant et que l’homme n’y est pas une priorité.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Un bon mot — un mot d’esprit sans inté­rêt, comme tous les cyniques qui ‘’pèchent’’ par manque de géné­ro­sité — de sin­cé­rité aussi.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Pas grand chose ou pareil que la précédente.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
A la vue d’un carré, avez-vous une pré­fé­rence pour l’un de ses côtés ?

Entre­tien réa­lisé par jean –paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 17 décembre 2015.

Leave a Comment

Filed under Entretiens, Poésie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>