Dans sa grande clémence, Savary pardonne tout à la divinité même si le premier ne croit pas à la seconde (et vice-versa). Brillant par son absence, Dieu est donc partout, même « sous le paillasson » où « il cherche la clé du paradis ». Nul ne sait s’il le voudrait terrestre mais le doute est plus que permis tant les plaies de l’Humanité s’agrandissent en son nom. Preuve que « Dieu / est un loup / pour l’homme ».
C’est bien d’ailleurs le moins qu’il pouvait faire face à ceux qui l’ont inventé : « Dieu est né / du désir de l’homme ». Mais le poète d’ajouter que le céleste « ne s’en remettra jamais ». Et l’homme sans doute non plus.
Dépeceur des âmes et des mots, Savary continue de jongler avec des grumeaux de sens dans la comédie des mots. Il tient la dragée haute aux fomenteurs de hautes messes et préfère les périmètres d’insécurité. Au besoin, il ne laisse pas les hyperboles en laisse : le départ est toujours imminent et il faut veiller à la fermeture automatique des strophes. Tout va bon train mais sans le moindre traintrain.
jean-paul gavard-perret
Louis Savary, Je suis poète. Ite Missa Est, Editions les Presses Littéraires, 2015 — 15,00 €.