Le nouveau livre de Jacques Moulin est constitué d’un ensemble de poèmes et essais créés à partir d’artistes trop méconnus tels que, et entre autres, Charles Belle, Véronique Dietrich, Jean-Louis Elzéard, Ann Loubert qui l’avait accompagné dans son superbe A vol d’oiseaux chez le même éditeur. Le poète pénètre leur univers de manière discrète, se laissant porter par le jeu des couleurs et des lignes pour que l’être, à travers de telles œuvres, se retrouve en lui-même et ce, dans la fidèle écoute à la vocation qu’il accorde à l’art et à la poésie : toucher l’indicible.
Jacques Moulin retient des œuvres exploratoires où se mêlent descentes dans les gouffres et ascensions dans l’éther. Il ne s’agit pas de produire une simple réflexion mais d’appréhender de tels parcours dont le texte, tel un « harpon » ou un « héron », retire ce qu’il aime. La langue n’étouffe par les œuvres. Bien au contraire, elle permet d’atteindre les lieux où les portes du réel sont fracturées sans que le langage les referme. Le ciel ressemble à une pierre éclatée. Il vient à bout du vent solide et Jacques Moulin espère que ses textes parviendront à atteindre les rêves des artistes qu’il accompagne.
Par le souffle d’une parole parfois inquiète, chaque texte poursuit l’envol entre un mot et la brisure du soleil. Rien ne sépare la chaleur du dedans de l’être et celle que chaque plasticien alimente.
jean-paul gavard-perret
Jacques Moulin, Ecrire à vue, l’Atelier Contemporain, Strasbourg, 2015, 160 p. — 20,000 €.