Olivier Masmonteil l’enfant d’eau : entretien avec l’artiste

En art, il n’est pas tou­jours donné à une forme de liberté de naître. Celles et ceux qui se veulent por­teurs d’alliances et de souffles dis­cor­dants s’égarent sou­vent en jouant dans le sor­dide en nom­mant Eden ce qui appar­tient à la nuit de tels chas­seurs myopes. A l’inverse, avec Mas­mon­teil, le “sen­ti­ment” de la pein­ture est non de lour­deur mais de légè­reté. Sur­git par­fois la lumière des corps sur le ciel accom­pa­gnée de blanc en une suite de déclins et de remon­tées dans la fluo­res­cence vei­née.
La tor­peur des gangues se trans­forme en jaillis­se­ments colo­rés et sub­tils. Dense et aérée, chaque pièce sug­gère l’opacité de l’air, la dia­pha­néité de l’eau. La vie n’est pas dans les plis : elle est au sein de ron­deurs aussi par­faites que dérai­son­nables, elle est aussi (sur­tout) dans et par l’eau où elle prend sa source. Pré­side une idée au départ de chaque toile mais tout se crée en avançant.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La pers­pec­tive de pas­ser une belle journée.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Je les realise.

A quoi avez-vous renoncé ?
A rien pour l’instant.

D’où venez-vous ?
Du paysage.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Le sens de l’eau.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Pas­ser la porte de l’atelier.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Ma muse.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Une photo noir et blanc d’un lieu qui me parais­sait familier.

Et votre pre­mière lec­ture ?
“Le vieil homme et la mer”.

Pour­quoi votre atti­rances vers “l’infra-sens” ?
Parce qu’il fait sens.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Neil Young et Eddie Ved­der quand je pars à la pêche. Phoe­nix et Domi­nique A quand j’arrive à l’atelier.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Théo­rie et pra­tique des rivières”
de Jim Harrison

Quel film vous fait pleu­rer ?
“Et au milieu coule une rivière”.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Le reflet de l’eau.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A personne.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La Ran­gi­tata river en Nou­velle Zélande.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Paul Rebey­rolle, Domi­nique A, Eric Gue­rin, Ernest Hemingway.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Une boîte de mouches mon­tées par Gérard Piquard.

Que défendez-vous ?
La source de Gérard Garouste.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je pense qu’il n’est jamais tombé amoureux.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
L’éternité, c’est long sur­tout vers la fin !

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Qu’est ce qu’on mange ce soir?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par  par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 4 novembre 2015.

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