En art, il n’est pas toujours donné à une forme de liberté de naître. Celles et ceux qui se veulent porteurs d’alliances et de souffles discordants s’égarent souvent en jouant dans le sordide en nommant Eden ce qui appartient à la nuit de tels chasseurs myopes. A l’inverse, avec Masmonteil, le “sentiment” de la peinture est non de lourdeur mais de légèreté. Surgit parfois la lumière des corps sur le ciel accompagnée de blanc en une suite de déclins et de remontées dans la fluorescence veinée.
La torpeur des gangues se transforme en jaillissements colorés et subtils. Dense et aérée, chaque pièce suggère l’opacité de l’air, la diaphanéité de l’eau. La vie n’est pas dans les plis : elle est au sein de rondeurs aussi parfaites que déraisonnables, elle est aussi (surtout) dans et par l’eau où elle prend sa source. Préside une idée au départ de chaque toile mais tout se crée en avançant.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La perspective de passer une belle journée.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je les realise.
A quoi avez-vous renoncé ?
A rien pour l’instant.
D’où venez-vous ?
Du paysage.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Le sens de l’eau.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Passer la porte de l’atelier.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Ma muse.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Une photo noir et blanc d’un lieu qui me paraissait familier.
Et votre première lecture ?
“Le vieil homme et la mer”.
Pourquoi votre attirances vers “l’infra-sens” ?
Parce qu’il fait sens.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Neil Young et Eddie Vedder quand je pars à la pêche. Phoenix et Dominique A quand j’arrive à l’atelier.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Théorie et pratique des rivières” de Jim Harrison
Quel film vous fait pleurer ?
“Et au milieu coule une rivière”.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Le reflet de l’eau.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A personne.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La Rangitata river en Nouvelle Zélande.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Paul Rebeyrolle, Dominique A, Eric Guerin, Ernest Hemingway.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une boîte de mouches montées par Gérard Piquard.
Que défendez-vous ?
La source de Gérard Garouste.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je pense qu’il n’est jamais tombé amoureux.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
L’éternité, c’est long surtout vers la fin !
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Qu’est ce qu’on mange ce soir?
Présentation et entretien réalisés par par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 4 novembre 2015.