Quand le goût du pain redonne celui de la vie
Reba Adams, jeune journaliste ambitieuse, a décidé d’écrire un papier sur Elsie Schmidt une boulangère octogénaire installée au Texas, près de la frontière mexicaine. Rapidement, Reba se prend d’amitié pour Elsie et sa fille et elle commence à comprendre que le passé d’Elsie pourrait se révéler nettement plus intéressant que sa réputation actuelle de patissière. Comment Elsie s’est-elle retrouvée au Texas, si loin des siens ? Qu’a-t-elle connu exactement de l’Allemagne nazie et quelle fut son rôle dans cette époque tourmentée ? A Garmisch, en 1994, Elsie, adolescente de 16 ans, a vu ses certitudes s’effondrer et a été confrontée à un choix qui bouleversa définitivement sa vie. Les secrets surgis du passé d’Elsie vont à jamais modifier le présent de Reba…
Un goût de cannelle et d’espoir est le premier ouvrage de Sarah McCoy paru en France. Elle y aborde avec délicatesse et humanité une page sombre de l’Histoire allemande et mondiale. En mettant en scène Elsie, jeune boulangère de seize ans à la fin de la seconde guerre mondiale, elle met en lumière le quotidien d’une famille de simples Allemands qui subissent un régime totalitaire plus qu’ils n’y adhèrent totalement. Même si la grande sœur d’Elsie a, elle, fait un choix différent, en épousant un officier allemand, et en acceptant de procréer pour la “grandeur et la continuité de la nation allemande”, et que la famille en est fière, Elsie ouvre les yeux progressivement sur les atrocités de la guerre et les horreurs causées par la folie d’un régime. Elle est face à un choix difficile : recueillir un enfant juif, et peut-être le sauver de Dachau, et ainsi mettre en péril sa famille, ou alors ignorer les atrocités qui viennent de plus en plus perturber son quotidien. Dilemme que son bon coeur résoudra vite, mais à quel prix.
L’auteure prend ainsi le parti de nous montrer d’autres facettes d’un peuple que l’on a trop souvent confondu avec les bourreaux qui le dirigeaient, et cela sans jamais sombrer dans l’émotivité trop facile. Le cœur des lecteurs se serre face au destin d’Elsie, et on repense à cette merveilleuse phrase tirée de la Torah, et aussi du Coran : sauver une vie, c’est sauver l’humanité toute entière, chose déjà brillamment illustrée entre autres dans La liste de Schindler de Spielberg. Sarah McCoy met également en parallèle passé et présent, en évoquant l’immigration clandestine des Mexicains, qui arrivent tous les jours aux Etats Unis avec l’espoir d’y trouver leur Eden. Le petit ami policier de la journaliste Reba est chargé de juguler cette immigration, alors que lui-même est d’origine latine, et il se retrouve dans un rôle de plus en plus difficile face à des familles qui ont tout abandonné pour vivre leur rêve américain.
Qui sera donc sauvé ? Un enfant ? Une adolescente ?Une famille ? Une journaliste en perte de repères ? Des immigrés en quête d’une vie meilleure ? Le lecteur ?
Et si Sarah McCoy réussissait l’incroyable pari de nous sauver tous à sa façon en nous amenant à réfléchir avec émotion sur les choix que nous aurions fait ou ceux que nous faisons dans certaines circonstances périlleuses. Et forcément on n’en sort pas tout à fait indemne !
franck boussard
Sarah McCoy, Un Goût de cannelle et d’espoir, Pocket, 2015, 511 p. — 8,10 €.
La résistance, oubliée au coeur de l’Allemagne nazie!!!!!
Elsie me fait pleurer encore. Sa fille Jane me donne la joie de vivre. Et reba!j’en suis amoureux!
bonjour,
J’ai pue remarquer que ce livre vous a particulièrement touché et donc j’aimerai avoir votre avis d’apres vous Elsie est une femme courageuse ou bien au contraire une femme inconsciente qui a exposé sa famille à de gravesdanger?