Dans le vingtième tome des aventures du Chat de Geluck, opus toujours attendu et jamais décevant, le Chat se « coupe en quatre pour nous plier en deux ». La présentation, toujours soignée, belle même, ce coffret contient en effet trois albums : un au format A5 – Les Desseins du Chat, mélange de dessins habituels du Chat accompagnés de ses commentaires en forme d’aphorismes et de reprises détournées ou illustrées de peintures existantes – et deux petits au format A6 – Prêchi-Prêchat et Le Scrabble du dimanche, ce dernier étant une série de croquis effectués à la mine de plomb où l’on ne retrouve pas le célèbre Chat de Geluck, mais bien Geluck lui-même, ainsi que madame –, et bien entendu la désormais célèbre « Gazette du Chat » — qui nous apprend l’ouverture prochaine, à Bruxelles, du Musée du Chat (c’est une vraie information). Nul n’est prophète en son pays, mais Geluck est bel et bien sacralisé dans le sien de son vivant !
Dès la couverture du coffret, où la « star » pose entouré de sa famille – eh oui, le Chat a une famille, il a même un chien ! –, le ton est donné : Geluck a beau nous offrir un nouveau Chat chaque année, contrairement au Beaujolais nouveau, il est bon ! Sous couvert de sa bonhommie habituelle, le Chat dissèque l’actualité dans ce qu’elle a de plus triste ou terrifiante (islamisme, intolérance, racisme…) et aborde aussi des thèmes plus intemporels (sexe, sexisme, handicap, scatologie, mort, maladie…).
On rit bel et bien de tout, et pas étonnant puisque l’auteur nous révèle d’emblée qu’il dessine partout, du taxi aux toilettes de chez Casterman, son éditeur. Sur la quantité, chacun trouvera ses préférés ou ses déceptions. Je vous épargnerai les miennes, de déceptions, pour vous citer seulement quelques-uns de mes sourires. « Un bon diététicien doit avoir au moins 5 patients par jour, par exemple une grande asperge, un avocat, une patate et un ou deux cornichons » p. 5 ; « Si on ne parlait que de ce qui est indispensable, on se tairait plus souvent » p. 57 ; « Ceux qui ont la beauté intérieure et extérieure sont réversibles. » p. 47 ; « Celui qui se réveille avec la tête dans le cul a intérêt à utiliser un très bon shampoing. » p. 44 ; « Ceux qui vivent dans le trou du cul du monde doivent bien se faire chier. » p. 15 ; « Moi, il y a des inventions qui me trouent le cul ! Le suppositoire à la nitroglycérine, par exemple. » p. 4…
agathe de lastyns
Philippe Geluck, Le Chat fait des petits, Casterman, octobre 2015, Coffret de 3 albums — 17,95 €.